L’idée d’isoler les toitures par l’extérieur n’est pas nouvelle. Mais jamais elle n’aura été autant d’actualité face à la nécessité d’obtenir – réglementation oblige – un haut niveau de confort thermique, sans nuire à celui d’été. À disposition, panneaux sandwichs, caissons chevronnés, sarking… Soit des systèmes adaptés à la construction neuve comme à la rénovation.

Après les façades, l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) gagne de plus en plus les toitures pente. Pour preuve, l’offre se multiplie, qu’il s’agisse de plaques, de panneaux, de caissons de toiture, de procédés de sarking ou encore de surcouverture. Mis en œuvre en neuf comme en rénovation, ces procédés, développés par les industriels de la couverture et de l’isolation, sont en mesure de régler plusieurs problématiques techniques en même temps. Le renforcement de la réglementation thermique n’est pas étranger à leur forte progression constatée depuis quelques années par les acteurs du marché – elle est estimée, par exemple, à 15 % par an pour le sarking. Pourtant ces procédés ne rencontrent jusque-là qu’un succès d’estime et restent très minoritaires sur le marché de l’isolation des rampants. Et la raison est très simple : ce sont les systèmes mis en œuvre par l’intérieur (ITI) qui dominent encore largement. Cela dit, entre la RE 2020 et les difficultés de recrutement des entreprises, l’ITE, plus rapide à mettre en œuvre comme tous les systèmes industrialisés, devrait rapidement se développer.

Rapidité de montage, passage par l’extérieur, isolation en continu, étanchéité à l’air, adaptabilité à tout type de toit, tels sont les principaux atouts des systèmes d’isolation thermique par l’extérieur des toitures.
Photo : Rockwool

Isolation continue sans pont thermique

En première ligne, le sarking. Ses qualités intrinsèques, reconnues depuis longtemps en montagne, suscitent un intérêt grandissant, y compris en climat de plaine. C’est actuellement le procédé qui enregistre le plus fort développement. Pour preuve, l’offre se démultiplie avec des investissements sur l’ensemble du territoire pour la création d’unités de production dédiées. Tous les industriels de l’isolation s’y intéressent et tous les types d’isolants sont concernés : PSE, PU, PIR, verre cellulaire, laine de roche ou encore fibre de bois. Lesquels sont, pour la plupart, certifiés Acermi et permettent d’atteindre des niveaux de performance thermique très élevés (jusqu’à R = 12,00 m2.K/W). Les industriels établissent également des partenariats avec les fabricants de tuile terre cuite ou autres, afin de proposer des offres en kit : isolation et couverture. Outre une isolation continue sans pont thermique et étanche à l’air, le sarking permet un gain non négligeable en volume habitable sous les combles, avec la possibilité de laisser une charpente apparente et ce, sans intervention à l’intérieur. Un véritable plus lorsque les combles sont déjà aménagés et qu’il faut apporter un complément d’isolation. Suivant le type d’isolant retenu, le procédé apportera également inertie, isolation acoustique, renforcement du confort d’été et résistance au feu. Le sarking s’adapte à tout type de couverture. Mais à l’instar d’un procédé d’ITE dédié à la façade, les points singuliers que sont tous les accidents de toiture – chiens assis, fenêtres de toit, conduits de fumées, etc. – doivent être soigneusement traités pour ne pas se transformer en ponts thermiques.

Les caissons combinent un système d’assemblage de sous-face et de chevronnage. Leur âme isolante est constituée d’un isolant. La gamme des sous-faces intérieures va de la plaque de plâtre au lambris. Trilatte Confort, Unilin.
Photo : Unilin
 Les panneaux sandwichs sont constitués d’un isolant placé entre le parement intérieur et celui de sous-toiture. La face intérieure offre de nombreuses possibilités de finition : panneaux de particules de bois hydrofuge, plaques de plâtre, lambris, bois rainuré, lamelles de bois ou panneaux acoustiques perforés. Complexe isolant 3 en 1 Cosyk, Quickciel (Knauf).
Photo : Quickciel

Respect de la règle « 1/3-2/3 »

Dans le cas d’une intervention par l’extérieur sur une toiture déjà isolée par l’intérieur, il convient de respecter la règle dite des « 1/3-2/3 ». Ce qui signifie que la résistance thermique du complexe extérieur R doit être deux fois supérieure à celle de l’isolant existant. Sachant qu’il est essentiel de prendre en compte dans le calcul l’ensemble du complexe intérieur : isolant, revêtement de plafond, éventuelle lame d’air sous l’élément porteur. Si cette règle ne peut pas être respectée, la continuité du pare-vapeur existant doit être vérifiée ou complétée par un pare-vapeur intérieur indépendant et continu, ce qui peut nécessiter de démonter le plafond. Attention : si la nature de l’isolant ou son épaisseur devaient changer en cours de projet ou de chantier, il est impératif de vérifier à nouveau cette règle pour éviter tout risque de désordres.

 

 Des systèmes complets, notamment minces, se développent également. Généralement sous Avis technique, ils sont dédiés au neuf et à la rénovation et ne nécessitent aucune intervention dans les combles.
Photo : Actis
 La plupart des procédés de sarking comprennent la mise en œuvre successive d’un support (voligeage sur chevrons ou pose directe sur chevrons), d’un écran d’interposition (pare-vapeur obligatoire en climat de montagne), de panneaux isolants, de contre-lattes, d’un écran de sous-toiture, puis de liteaux supports de couverture. Eurotoit Montagne, Recticel.
Photo : Recticel

Étanchéité à l’air et rapidité de montage

Autres procédés tout aussi efficaces : les panneaux sandwichs et les caissons chevronnés, qui apportent, en une seule opération, clos et couvert, isolation thermique et/ou acoustique, finition intérieure. Ces solutions garantissent la continuité de l’isolation, limitant ainsi les ponts thermiques ou phoniques. À noter également leurs très bonnes performances en termes d’étanchéité à l’air (emboîtement et joints compressibles). L’intégration du chevronnage et du parement en sous-face génère à la fois une économie substantielle et un gain de place. Certes, ces systèmes n’ont rien d’inédit, mais les fabricants adaptent et peaufinent leur offre. Principaux changements : une augmentation des performances thermiques – par exemple, avec des produits contenant du polystyrène graphite, avec des panneaux en mousse polyuréthanne de dernière génération (PIR) – et l’intégration d’isolants biosourcés, notamment de la fibre de bois et du chanvre. Ces procédés sont adaptés à tout type de matériaux de couverture : tuiles canal, plates ou mécaniques, ardoise, cuivre, zinc, bardeaux d’asphalte. Petit bémol, ils ne conviennent pas aux toitures trop complexes, c’est-à-dire celles qui présentent de nombreux points singuliers tels que chiens assis, noues ou arêtiers. Dans ces cas-là, le sarking est davantage préconisé (voir plus haut). En revanche, la gestion du chantier est largement simplifiée, puisqu’il n’y a plus qu’un seul produit. Et les gains en termes de main-d’œuvre sont appréciables, compte tenu de la rapidité de montage. Selon les industriels, il est possible de réaliser une surface de 150 m2 en une seule journée. Caissons, panneaux et sarking sont soumis à la procédure de l’avis technique. Pour le sarking, le CSTB en délivre quelques-uns mais nombre de fabricants préfèrent s’adresser à Alpes Contrôles. Ce bureau d’études établit un « rapport d’enquête de technique nouvelle » ayant valeur d’avis technique. Situé, comme son nom l’indique, dans les Alpes, il a historiquement toutes les compétences requises pour certifier les produits de la construction dédiés, entre autres, au climat de montagne.

Stéphane Miget

Cet article est extrait du numéro 155 de 5façades à retrouver sur Calameo