Structure mixte bois et béton, bardage en terre cuite vernissée : le lycée Simone-Veil, situé à Gignac, dans la vallée de l’Hérault (34), s’insère parfaitement dans le paysage local, dont il reprend les teintes dominantes. Un projet inspiré de l’agence montpelliéraine Hellin Sebbag Architectes Associés.

Photo : Julien Thomazo

Depuis deux décennies, la région Occitanie accueille 50 000 nouveaux habitants chaque année. Une poussée démographique qui a imposé le développement de l’offre scolaire – plus concrètement, la création de douze nouveaux lycées à l’est du territoire. C’est dans ce cadre que le lycée Simone-Veil a vu le jour à Gignac, dans l’Hérault (34) à 30 km au nord-ouest de Montpellier, un territoire qui connaît un fort accroissement de sa population et où les lycées sont déjà saturés. L’établissement de 1 100 élèves accueille une filière générale, deux bacs professionnels et un BTS. La multi­plicité des enseignements implique un programme riche. Il comprend des locaux d’enseignement dont 38 salles de cours, une administration, un CDI, une salle polyvalente, une restauration pour 800 personnes, un internat de 80 places, huit logements de fonction et des locaux sportifs avec les aménagements extérieurs associés. À terme, un gymnase complètera l’équipement. Ce riche ensemble se déploie sur un ancien terrain vinicole de 7 ha, dont 4 dédiés au lycée, situé en contrebas de la ville.

Formes libres Cette « page blanche » comprenait, malgré tout, des lignes directrices, à savoir les contraintes d’implantation édictées dans le programme. Ainsi, pour minimiser l’exposition au soleil, les salles d’enseignement doivent être orientées nord-sud, tandis que l’accès au lycée est demandé au nord, au droit de la future liaison piétonne. Les architectes ont également souhaité préserver les vues, à l’est de la parcelle, sur le chemin de croix de Gignac, classé monument historique. En a découlé une disposition en lanières des constructions.

Ainsi, deux bâtiments longitudinaux en R + 2, orientés nord-sud et à l’organisation lisible, encadrent une grande cour rectangulaire qui, elle-même, héberge deux bâtiments en rez-de-chaussée, orientés est-ouest. Lesquels accueillent les fonctions atypiques : CDI et restaurant.

Coursive d’accès au CDI, habillée de plafonds suspendus en lames de bois.
Photo : Jean-Pierre Porcher

« Les toitures des bâtiments les plus bas sont des jardins soulevés en courbe douce, telles des collines, décrit Brigitte Hellin, architecte et auteur du projet, comme si le sol naturel remontait sur les toits pour les modeler en formes libres et offrir au lycée un cœur vert. » Cette implantation efficace connaît une exception pour l’internat et les logements de fonction. Indépendants du programme pédagogique, ils sont implantés face aux terrains de sport.

Doc. : Hellin Sebbag Architectes Associés
Les deux pignons des bâtiments d’enseignement, qui encadrent la façade de la salle de lecture, sont habillés d’une résille de terre cuite à dominante verte, qui sert de fond au portrait de Simone Veil. Photo : Julien Thomazo
Énergie positive Retenue en août 2017, l’équipe de maîtrise d’œuvre avait un impératif : une livraison du lycée attendue en septembre 2020. Soit trois ans pour lui donner vie, mais seulement seize mois de travaux. Le recours à la filière sèche permettra de livrer en temps et en heure ce programme ambitieux. D’autant que deux autres contraintes de taille, sur le plan environnemental, avaient été édictées lors du concours. La Région exigeait, en effet, un niveau 4 – donc Bepos – et un niveau 2 pour le label Bâtiment biosourcé (< 24 kg/m2 de plancher). D’où les choix constructifs retenus par la maîtrise d’œuvre. Afin d’atteindre les objectifs de la maîtrise d’ouvrage, les deux bâtiments principaux reçoivent en toiture des panneaux photovoltaïques. La verrière de l’entrée du lycée en est également équipée, rappelant ainsi aux usagers et visiteurs que cet établissement est à énergie positive en partie grâce aux énergies renouvelables. En façade, un revêtement en terre cuite vernissée a été privilégié pour sa pérennité et son inertie. Il présente un découpage en pixels rectangulaires et reprend les dominantes du paysage rural – les camaïeux de bleus et de verts des vignes –, et des premiers reliefs du massif du Haut-Languedoc en toile de fond. Sur le plan technique, l’architecte a opté pour une structure mixte, à savoir un socle en béton et une super­structure en bois (CLT, MOB, BL-C).
Les bardages en terre cuite vernissée (Moeding) sont fixés à l’aide de pattes en aluminium vissées sur des montants en bois. Photo : Julien Thomazo

 Plus concrètement, fondations et rez-de-chaussée privilégient le béton armé, tandis que les deux niveaux supérieurs sont construits en charpente bois. Zone de sismicité oblige, la constitution des socles en béton impose des joints de dilatation tous les 25 mètres. Ils sont donc découpés en blocs indépendants structurellement et chacune de leurs jonctions dispose d’un joint sismique de 40 mm d’épaisseur.

Les toitures des bâtiments les plus bas sont des jardins soulevés en lignes douces, comme si le sol remontait naturellement sur les toits pour les modeler en formes libres et offrir au lycée un « cœur vert ». Photo : Jean-Pierre Porcher

Façades MOB et planchers en CLT Pour le bâtiment d’enseignement, le rez-de-chaussée en béton BA est complété dans les étages par des façades en MOB et des planchers en CLT de 220 mm (7 plis). Au centre, la reprise des charges est assurée par une structure poteaux-poutres en BL-C. Ainsi, les panneaux CLT de 16 m de longueur présentent des portées courant de façade à façade, autorisant ainsi un montage rapide de la structure. Pour le bâtiment de l’internat, le programme composé de petites pièces modifie le schéma structurel en inversant le sens de portée. Ici, les panneaux de CLT portent entre murs de refends en MOB. La portée plus faible permet d’optimiser les sections des planchers pour les faire passer à 140 mm d’épaisseur. Les façades ainsi déchargées ont pu être placées en surplomb sur le rez-de-chaussée, et donc créer des coursives abritées.

Quant au CDI et au bâtiment de la restauration conçus sur un niveau simple, seules leurs charpentes sont en bois. Les fermes en BL-C dégagent de larges espaces libres au sol et soutiennent des toitures végétalisées courbes. Celles-ci sont constituées de deux couches de panneaux LVL (Laminated Veneer Lumber ou Lamibois). La trame structurelle générale retenue est de 4,80 m, soit un multiple de 1,20 m – la trame des façades – et de 2,40 m, la largeur des panneaux de CLT des planchers. Le contreventement des bâtiments est assuré par des noyaux béton qui accueillent les circulations verticales, ascenseurs et escaliers, et par des murs de refend en CLT dans les sens longitudinal et transversal. Au-delà de la structure, le bois s’invite aussi à l’intérieur des constructions : parois des circulations habillées de panneaux de bouleau, plafonds acoustiques du CDI et du restaurant parés de lames ondulantes…

 

Bastien Lechevalier

Confort d’été oblige, toutes les fenêtres au sud, est et ouest sont protégées par des brise-soleil orientables et relevables, gérés par une GTC (gestion technique centralisée). Photo : Jean-Pierre Porcher
L’auvent est porté par d’élégants poteaux en V, réalisés en béton fibré à ultra-hautes performances (BFUP). Photo : Julien Thomazo

  • Maîtrise d’ouvrage : Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée
  • Architectes : Hellin Sebbag Architectes Associés (Montpellier-Paris)
  • Mandataire : Arac Occitanie
  • BET structure : Terrell (Toulouse)

 

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