Avec ses formes variées, ses matériaux ancestraux et contemporains, la toiture en pente représente bien plus qu’un simple choix esthétique. Elle est une solution technique et durable pour répondre aux exigences architecturales et environnementales du 21e siècle. Que ce soit pour les maîtres d’ouvrage publics, les architectes ou les particuliers, elle est la synthèse parfaite entre tradition et modernité, unissant savoir-faire ancestral et innovation technologique.

Quartier de Port Marianne, Montpellier : Les immeubles So Wood suivent le plan d’urbanisme de Nicolas Michelin (ANMA), imposant des toitures en pente. Les architectes de l’agence A+ Architecture évoquent des « cabanes suspendues », apportant une touche poétique à l’ensemble. Photo : Drone-Ops

La toiture en pente est bien plus qu’un simple élément fonctionnel du bâti ; elle constitue un élément fondamental de l’identité architecturale et patrimoniale, tout en étant un levier pour répondre aux enjeux de l’architecture contemporaine. À la croisée des évolutions techniques et des préoccupations environnementales, elle conjugue tradition et modernité, offrant un large éventail de possibilités tant en termes de formes que de matériaux. Elle fait partie intégrante des identités régionales, assurant, lorsque les règles d’urbanisme le permettent, une harmonie visuelle entre les bâtiments anciens et contemporains. Elle a un lien très fort avec l’héritage architectural et a su s’adapter aux spécificités locales, que ce soit dans le choix des matériaux ou des formes, avec des variations notables selon les régions : ardoise dans les zones montagneuses, tuiles en terre cuite dans les régions méditerranéennes, plomb puis zinc sur les toits parisiens, ou encore chaume dans les constructions rurales. La richesse des propositions se retrouve également dans la pente elle-même. Le degré de pente, la forme et le nombre de pans sont des caractéristiques importantes qui influent sur l’esthétique, la complexité de la charpente, la pose de la couverture, son étanchéité et son entretien. Cette pluralité de styles ancre profondément la toiture en pente dans le patrimoine bâti, renforçant ainsi la cohésion visuelle des villes et des villages.

Pôle culturel de Cabourg, agence Lemoal Lemoal. Le revêtement en tuiles de terre cuite, texturées et légèrement patinées, est continu du sol au sommet du faîtage. Photo : Javier Callejas-Elodie Leneveu

De plus en plus active

Loin d’être figée dans le passé comme une image d’Épinal, elle s’adapte sans difficulté à l’architecture contemporaine. Elle permet de créer des bâtiments modernes qui la réinterprètent tout en respectant le paysage environnant et en s’y intégrant. Contrairement à la toiture-terrasse, elle participe activement à la lutte contre la standardisation architecturale – de nombreux plans d’urbanisme imposent aujourd’hui – en offrant une diversité de formes et de finitions qui répondent aux exigences esthétiques et aux goûts individuels des maîtres d’ouvrage et des architectes. La toiture en pente se prête également à l’intégration des technologies les plus modernes. Les innovations récentes, telles que les tuiles photovoltaïques, permettent d’incorporer des cellules solaires directement dans la toiture, une alternative discrète et esthétique aux panneaux solaires traditionnels. Ces tuiles combinent esthétisme et performance énergétique, favorisant une transition vers des bâtiments plus durables. D’autres innovations incluent des matériaux à haute perméabilité à la vapeur d’eau, des barrières radiantes, et des dispositifs simplifiant la pose de la toiture, offrant aux architectes et aux entreprises de construction des solutions performantes et économiques. La toiture en pente peut également intégrer des systèmes de récupération des eaux pluviales, contribuant ainsi à la gestion durable de l’eau et à la réduction de l’empreinte écologique du bâtiment.

Atout espaces à vivre

Elle satisfait également les critères de la RE 2020 et les exigences des labels comme la haute qualité environnementale (HQE). Grâce à une bonne ventilation et à l’utilisation de matériaux naturels, tels que la terre cuite ou le bois, la toiture en pente réduit les besoins en climatisation et en chauffage, garantissant ainsi des économies d’énergie substantielles. Outre ses avantages esthétiques et environnementaux, la toiture en pente permet une utilisation optimale de l’espace. Elle crée des volumes supplémentaires dans les combles, permettant d’aménager des pièces à vivre. Grâce à l’intégration de baies vitrées ou de fenêtres de toit, elle favorise également l’entrée de lumière naturelle, améliorant le confort des occupants tout en réduisant les besoins en éclairage artificiel.

Matériaux multiples

Les matériaux utilisés pour les toitures en pente sont d’une grande diversité, chacun apportant ses avantages spécifiques. Parmi les plus courants, on trouve :

  • Les tuiles en terre cuite : Ces tuiles sont reconnues pour leur durabilité, leur esthétisme traditionnel et leur résistance aux intempéries. Elles permettent une ventilation naturelle du toit, contribuant ainsi à la régulation thermique de l’habitat. Disponibles en différentes couleurs et formes, elles s’adaptent parfaitement à toutes les exigences régionales. Les tendances actuelles : l’émaillage, les tuiles foncées et/ou structurées.
  • Les tuiles en béton : Alternative économique aux tuiles en terre cuite, elles offrent une résistance comparable tout en étant plus légères et disponibles dans une large palette de teintes. Leur grande durabilité en fait un choix privilégié dans les régions aux conditions climatiques exigeantes.
  • Les toitures en métal : Utilisé pour sa légèreté et sa résistance à la corrosion, le métal (zinc, acier, aluminium) s’intègre de plus en plus dans les projets modernes. Les toitures en métal ont l’avantage d’être recyclables, contribuant à une démarche écoresponsable. Par ailleurs, elles permettent des formes complexes, notamment des toitures courbes, difficilement réalisables avec d’autres matériaux. Le métal est également particulièrement prisé pour sa capacité à refléter la chaleur, augmentant ainsi l’efficacité énergétique des bâtiments.

Multiples pentes

Un toit est dit « en pente » quand sa pente est de 20 degrés ou plus. Les toits ayant une pente de moins de 10 degrés sont considérés comme des toits plats.

  • Le toit monopente : Il se caractérise par un unique versant incliné. Ce type de toiture est fréquemment utilisé dans les régions montagneuses, car il facilite l’écoulement rapide de la neige, évitant son accumulation dangereuse. Il est apprécié pour sa simplicité de conception et son style moderne. Il nécessite cependant une charpente spécifique pour supporter l’unique pente.
  • Le toit à deux pentes : La forme la plus répandue et classique, composée de deux versants qui se rejoignent au sommet. Ce type de toit peut être enrichi par des éléments tels que des croupes, des lignes de coyau ou des lignes de bris (comme les toits mansardés). Les versants peuvent être asymétriques pour un effet visuel distinct.
  • Le toit à quatre pentes : Moins courant, mais perçu comme plus noble, il présente quatre versants qui convergent au sommet. Souvent utilisé dans les constructions à caractère architectural distinct.
  • La toiture à deux pans avec croupe : Ce modèle comporte des versants supplémentaires triangulaires sur les extrémités, renforçant l’équilibre esthétique et structurel, tout en offrant une meilleure résistance au vent.
  • La toiture à deux pans avec ligne de coyau : Les versants du toit sont légèrement relevés dans leur partie basse grâce à une poutre supplémentaire, donnant un aspect plus léger et fluide.
  • La toiture à deux pans avec ligne de bris (toit mansardé) : Se distingue par deux parties inclinées dans chaque versant : une partie supérieure douce et une inférieure plus pentue, idéale pour aménager les combles.
  • La toiture à pans multiples : Ces toitures, aux formes variées et parfois complexes, sont des terrains d’expression pour l’originalité architecturale. Leur complexité peut cependant générer des coûts plus élevés.

Stéphane Miget

Cet article est extrait de 5façades n°168, disponible en version numérique