L’histoire des enduits est aussi ancienne que celle de la construction. Aujourd’hui encore, ils représentent la solution technique la plus populaire pour revêtir les petits et grands éléments de maçonnerie. Dans cette grande famille, ceux dits monocouches se taillent la part du lion.
Photo : Parexlanko

On ne présente plus les enduits monocouches tant leur emploi s’est généralisé. Apparus au début des années 1970, ils font aujourd’hui partie des revêtements de façade les plus utilisés en travaux neufs. Et, parmi les enduits, ils représentent plus de 80 % des mises en œuvre. Il s’en fabrique environ 1 750 000 t par an (chiffre CSTB). Conçus à l’origine pour imperméabiliser et habiller les murs en maçonnerie et béton, ils ont beaucoup évolué. Les produits de dernière génération offrent ainsi davantage de facilité et de rapidité d’exécution, ainsi qu’une durée de vie, s’ils sont bien entretenus, d’au moins vingt ans. Beaucoup de progrès ont également été réalisés en matière de design, même si les architectes les jugent trop banals et rechignent encore parfois à les utiliser. Mais comme ils sont imbattables sur le plan économique…

 

De fait, ces enduits sont désormais de véritables systèmes en application projetée ou manuelle. Comme leur nom l’indique, ils sont en capacité de décorer et d’imperméabiliser une façade en une seule opération, soit un gain de temps non négligeable et une application plus simple. Mais ne nous y trompons pas : ils nécessitent une bonne connaissance technique à la prescription comme à la mise en œuvre, pour réaliser des ouvrages qualitatifs et pérennes. Ainsi l’application en une seule passe n’est réellement possible qu’en finition grattée, avec une maçonnerie soignée et parfaitement homogène – trois conditions impératives. Dans le cas contraire, deux passes s’imposent. Soit une réalisation frais sur frais. La première passe – au moins 7 mm – est dressée, serrée, mais non lissée pour favoriser l’accrochage de la seconde.

 

Celle-ci est réalisée dans un délai de quelques heures en fonction des conditions climatiques et de l’absorption du support. Capitale, l’épaisseur de la deuxième passe doit toujours être inférieure à celle de la première. Selon la planéité et la finition à réaliser, l’épaisseur totale des deux passes varie de 12 à 15 mm sur maçonnerie soignée et de 15 à 18 mm sur maçonnerie courante. Sachant qu’une épaisseur de 10 mm au minimum est requise en tout point saillant, afin d’assurer l’imperméabilisation des murs extérieurs. Attention, les maçonneries sont de moins en moins homogènes en raison de la présence d’autres matériaux, tels les coffres de volets roulants ou les linteaux. Il convient donc d’incorporer et de maroufler, à leur jonction, un renfort d’armature en fibre de verre ou métallique dans la première passe d’enduit.

 

Essentiel également : le choix de l’enduit. Classé OC1, OC2 ou OC3, il dépend, en premier lieu, de la classe de résistance à l’arrachement de l’élément de maçonnerie déclaré par le fabricant : Rt3, élevée avec blocs de béton de granulats courants ; Rt2, moyenne (briques, blocs de béton de granulats légers) ; Rt1, réduite sur blocs de béton cellulaire essentiellement. Le choix devra aussi prendre en compte l’exposition de la paroi. Par exemple, si l’enduit est exposé à la pluie, il aura une caractéristique W2, garantissant une forte performance en termes d’absorption d’eau par capillarité. Une utilisation en paroi enterrée nécessitera un enduit avec des caractéristiques W2 pour la pluie et CS III minimum, pour la résistance aux chocs et à la compression.

 Pour les industriels, l’actualité porte sur les caractéristiques environnementales des produits. Ainsi Weber agit sur leur durabilité en étendant la date limite d’utilisation (DLU) à dix-huit mois pour tous ses enduits de façade, y compris les monocouches.
Photo : Weber

Préparer l’enduisage

Evidemment essentielle à la réussite du projet, la préparation du support, notamment sur les éléments de maçonnerie en terre cuite. Il faut veiller à ce que l’entreprise arrose le support avec de l’eau, au minimum une demi-heure avant la projection ou à l’avancement. Le but ? Eviter que la brique, très poreuse, absorbe trop rapidement l’eau de l’enduit et brise la couche superficielle assurant son accrochage sur le mur. Sur béton cellulaire, il est recommandé de griffer, au préalable, les blocs pour optimiser l’accroche et d’appliquer un bouche-pore qui va favoriser une meilleure adhérence. Sur les blocs béton, il n’y a pas de contrainte particulière. Dans tous les cas, le support doit être plan, propre, solide et sans efflorescence, toujours pour une question d’accroche.

 Les possibilités de décors sont légion. Idem du côté des couleurs : les prescripteurs ont l’embarras du choix. Ici, « les collections » d’enduits de façade Parexlanko, dédiées aux architectes.
Photo : Parexlanko

Technique traditionnelle

Sur le plan réglementaire, les enduits monocouches sont intégrés au DTU 26.1 « Travaux d’enduits de mortier », et donc considérés comme technique traditionnelle. Ils bénéficient aussi de la certification « Certifie CSTB Certified ». Volontaire, celle-ci indique la résistance desdits enduits à la compression sur une échelle allant de I à IV (CSIV correspondant aux enduits les plus résistants). Elle atteste de leur compatibilité avec les maçonneries neuves et normées, ce qui constitue, pour l’enduiseur façadier et le prescripteur, un outil d’aide au choix.

 

  • Enduits OC1 pour tous les supports classés Rt1, Rt2 ou Rt3.
  • Enduits OC2 pour les supports Rt2 ou Rt3, ce qui exclut les supports Rt1 dont la résistance à l’arrachement est réduite.
  • Enduits OC3 uniquement pour les supports avec une résistance à l’arrachement élevée.

 

Elle renseigne aussi sur l’absorption d’eau par capillarité (W) du mortier ou encore l’aptitude de ce dernier à conserver son eau de gâchage (Re). Une caractéristique essentielle pour l’application sur maçonnerie poreuse, absorbante, ou sous certaines conditions climatiques – par exemple, par temps chaud ou vent sec. Enfin, elle donne des informations sur la mise en œuvre en termes de mode d’application, de possibilité de finition, ou encore de consommation de produit. Chapitre esthétique, les industriels du secteur proposent une grande diversité de finitions pour des façades personnalisées (aspect gratté, gros, taloché, écrasé, lisse…), et également des teintes différentes, colorées ou plus sobres (blanc ou gris). Ces enduits sont, en outre, adaptés à la majorité des maçonneries neuves. Sans oublier la possibilité d’animer la façade avec des joints creux, des listels, des encadrements de baies dans une finition différente, ou encore des bandeaux de soubassement en surépaisseur. 

Stéphane Miget

 

 Hôpital psychiatrique de Saint-Brieuc (22) : les nouvelles façades isolées par l’extérieur ont reçu un système StoTherm Classic 5 de sto et des enduits couleur adaptés.
Photo : STO

Enduits pour ITE

S’ils ressemblent à ceux utilisés sur maçonnerie, les enduits sur isolant PSE ou laine minérale ont des formulations spécifiques qui leur procurent davantage d’élasticité. Comme pour une mise en œuvre sur maçonnerie, leur application demande de respecter les épaisseurs préconisées par les fabricants. À vérifier car les applicateurs projettent souvent trop de produit, ce qui peut générer des fissurations : un enduit en finition grattée nécessite 18 kg/m² en ITE, contre 23 à 27 kg/m² pour un monocouche sur maçonnerie. Les renforcements d’armatures et la désolidarisation des points durs (baies, bouches de ventilation..), le fractionnement des finitions en cas de grandes surfaces et les raccordements en cas de teintes différentes ou de mixité avec une ITE sous bardage et vêtures, sont également des points sensibles à surveiller.

 

Cet article est extrait du magazine 5Façades 160 disponible sur Calameo