Cette opération comporte un gymnase, vendu en VEFA à la ville de Paris, sur lequel se posent 69 logements sociaux. Elle entend d’abord croiser la grande échelle de l’industrie avec l’échelle intime de l’habitation. L’immeuble prend position le long d’un passage, tient l’angle des deux rues avant de se retourner sur la rue Pierre Dupont en développant un même motif de loggia en mélèze répété sur cinq niveaux, sans volonté d’effacer ou d’amoindrir sa présence et le bouleversement suscités par son arrivée sur la dernière parcelle vide du quartier, un bucolique terrain vague longtemps occupé par un préfabriqué et une « bulle » gonflable abritant un court de tennis désaffectés.

La majeure partie des logements repose sur la structure du gymnase, une série de portiques franchissant plus de 20 mètres de portée, dont les poutres forment des refends du premier niveau de logement, et déterminent la trame des voiles porteurs supérieurs. Une faille verticale sépare un premier complexe gymnase/logement d’un plot de moindre dimension, comprenant des logements en étage ainsi qu’une série de locaux de service en rez-de-chaussée : accueil gardien, locaux de stockage divers, accès parkings, etc.

L’accès à chaque logement est une promenade particulière qui débute dans le hall principal, ouvert sur un jardin semi-privatif, suivant un dispositif inspiré de ceux que l’on trouve dans les immeubles d’habitation parisiens des années 60-70, âge d’or en la matière. Du marbre posé suivant un calepinage en point de Hongrie accueille le visiteur et l’habitant, volonté d’offrir dans le secteur social une qualité habituellement réservée aux programmes haut de gamme. L’utilisation de matériaux bruts dans la plupart des circulations autorisait l’emploi ponctuel de matériaux symboliquement luxueux, aussi pérenne qu’une pierre sans générer de surcoût.

Une fois passé le hall, l’habitant rejoint son appartement en empruntant une longue coursive implantée à cinq mètres des façades arrière. Ultime seuil, une courte passerelle individuelle qui donne accès à un logement toujours traversant, complété d’une terrasse paysagère posée sur le socle du gymnase pour tous les appartements en R+1. La superstructure des coursives métalliques forme un paysage en soi au cœur de l’îlot, un balcon filant donnant en surplomb sur un jardin conçu par l’Atelier Roberta. Chaque logement est doté d’une loggia individuelle, dont la profondeur variable est calculée pour laisser à l’occupant sa légitime intimité. Au rez-de-chaussée, une résille métallique filtre la lumière pour ne pas gêner la pratique sportive, réduit l’exposition des sportifs et danseurs du regard des passants.

ICF La Sablière et La Ville de Paris
Vincent Parreira, Marie Brodin, Nicolas Fontaine-Descambres, Lara Ferrer
EVP ( Structure), LOUIS CHOULET (Fluides), BMF ( Economiste), OASIIS (HQE), ATELIER ROBERTA (Paysagiste), ALTIA ( Acousticien)
Photos : Luc Boegly