Le marché de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) en filière sèche repose, comme beaucoup de domaines, sur une base solide avec des constructions, dont les produits, la technicité, la mise en œuvre… pourraient être qualifiés de « traditionnels ». Les normes et les documents techniques des fabricants de parements permettent de réaliser ces façades sans trop se poser de questions. Cependant, la façade de demain repose sur l’innovation, l’adaptation aux évolutions réglementaires, aux demandes des donneurs d’ordres, aux besoins des entreprises de pose… Le Syndicat national des bardages et vêtures isolés (SNBVI) propose d’explorer les tendances techniques, technologiques… autour des procédés de bardage rapporté. Tour d’horizon des tendances du marché de l’ITE en filière sèche.
Dans la production des produits de bardage
La RE 2020, dont l’entrée en vigueur est intervenue au 1er janvier 2022, participe grandement à accélérer un mouvement de fond présent depuis quelques années maintenant. Même si cela paraît accentué par un marché de la construction neuve en retrait, la rénovation, notamment thermique, est en forte demande. Si la mise en œuvre d’une ITE est la partie visible de tous, les industriels du SNBVI travaillent activement à la réduction de l’impact carbone des produits en amont, car, pour rappel, la dernière réglementation va plus loin que le simple aspect thermique. Elle aborde l’aspect environnemental en général de tous produits de construction. En ce sens, les processus de production sont en pleine mutation : utilisation d’énergie renouvelable, optimisation des matériaux nécessaires, intégration de matières recyclées et mutation vers des matériaux biosourcés… Évidemment, cette partie « invisible » à l’œil nu est une véritable locomotive pour les industriels du SNBVI. Bien que ces changements s’inscrivent sur des temps plus longs, les réductions de l’impact carbone des produits de bardage se traduisent dès à présent dans les mises à jour des données environnementales qu’il est possible de retrouver dans les FDES (Fiches de données environnementales et sanitaires) à l’instar d’ArcelorMittal Construction, de Carea ou encore de Fundermax.
Dans la mise en œuvre des produits de bardage
Sous l’impulsion de la nouvelle réglementation environnementale, les membres du SNBVI constatent une progression significative de l’intégration dans l’ossature des produits à base de bois. Si les ossatures secondaires avec des montants bois sur support béton sont un marché majeur (43 % des ossatures secondaires selon l’étude TBC-SNBVI de juin 2021), la mise en œuvre des bardages rapportés sur les constructions à ossature bois (COB) (fig. 1) est en progression constante. Les documents techniques des parements intègrent depuis plusieurs années la possibilité de ce mode constructif, mais il s’agit bien de la RE 2020 couplée aux travaux de révision des DTU 31-2 et DTU 31-4 qui accompagnent le développement de cette filière. En plus d’une mise en œuvre « traditionnelle », issue de la pose sur support béton ou maçonné adaptée aux contraintes constructives du bois, les industriels du bardage voient se développer la construction hors-site. Parce qu’elles sont particulièrement bien adaptées pour la pose sur structure bois, le marché des façades modulaires, également appelées « industrialisées », se développe avec de nombreuses initiatives, en partenariat avec des industriels du bois (fig. 2). Les atouts de ce mode constructif sont notamment l’optimisation des éléments mis en œuvre (limite les chutes de produits) ou encore la réduction de la durée du chantier dont l’empreinte carbone n’est pas négligeable.
Fig. 1 : bardage rapporté ST500 en Hairplus Flame sur COB (vues intérieures et extérieures). Photos : Olivier Frajman Photographe/5-Cinq Architecture
Sans oublier l’adaptabilité aux besoins architecturaux
Les dimensions maximales des parements de façade ont tendance à augmenter. C’est notamment le cas des parements en plaque de chez Fundermax : cela permet aux architectes de travailler l’élancement des bardages, tout en réduisant les déchets de chantier grâce à un calepinage plus facile à optimiser. Les accessoires évoluent également au gré des besoins. Si les longueurs des pattes-équerres suivent l’augmentation moyenne des isolants, les ossatures secondaires en bois ou métalliques peuvent dorénavant se poser horizontalement, sans passer par des réseaux multiples, grâce à l’évolution de la géométrie des pattes. Outre la réduction de la durée du chantier et de son impact carbone, ce type d’ossature facilite la pose verticale des parements. La pose des parements à fixation cachée était déjà bien présente dans les produits métalliques comme l’acier, l’alu, le zinc ou encore les éléments en terre cuite. Cette offre s’élargit à d’autres natures de bardages comme les HPL, qui bénéficient d’agrafes spécifiques en face arrière pour s’accrocher à l’ossature secondaire. Mais le cœur de l’évolution du marché repose sur la personnalisation. L’expression architecturale se manifeste par le relief, le volume, la couleur, la réflectivité, les motifs, l’impression (fig. 3)… La diversité des options proposées et mises en œuvre parfois en même temps sur une construction permet aux architectes de créer leur signature unique.
Fig. 2 : préfabrication en usine de Carea Emboîtement sur mur ossature bois Sybois. Photo : Carea – MŒ : Picoty – Millet Architecture
Fig. 3 : exemple de relief sur parement Carea Emboîtement. Photo : Carea – MŒ : Picoty – Millet Architecture
Et demain ?
Les tendances actuelles du marché visent grandement à rationaliser l’impact écologique et économique de l’acte de construire. Les défis de demain se concentrent entre autres autour de deux axes : le renforcement de l’accompagnement et la formation technique auprès des donneurs d’ordres et des entreprises de pose, ainsi que le développement de la réutilisation, du réemploi des bardages. Si le premier point est l’élément essentiel pour pérenniser les innovations, le second point voit naître des initiatives au sein des industriels du SNBVI, mais il reste encore tout à écrire…
Cet article est extrait de 5façades n°168, disponible en version numérique
