À l’occasion du salon Batimat qui s’est tenu porte de Versailles, à Paris, en octobre dernier, Sandra Bertin, déléguée générale du SNFA*, Jean-Yves Cueilhe, directeur général de Labastere 31, 34 et 83, et Vincent Bes, directeur régional ouest de Wicona, sont venus, sur le plateau de Batijournal (partenariat avec 5façades), parler du métier de façadier. Essentiel lorsque l’on s’intéresse à l’enveloppe du bâtiment. Extrait des meilleurs moments.
De gauche à droite : Vincent Bes, Jean-Yves Cueilhe et Sandra Bertin.

Quelle est votre définition du façadier ?

Sandra Bertin – C’est un ensemblier, un professionnel capable d’apporter une solution sur l’enveloppe du bâtiment en matière de performance thermique et de performance environnementale. Et c’est aussi un professionnel qui doit afficher des marqueurs de qualité et d’expertise par rapport à la solution qu’il conçoit, fabrique et installe.

Vincent Bes – Pour nous gammistes, c’est un acteur qui fabrique et intervient sur l’enveloppe du bâtiment. Un gage d’expertise d’une solution technique, adaptée à la conception du bâtiment. Il y a une partie ingénierie et il y a un vrai savoir-faire pour intervenir sur les bâtiments. On parle de hauteur, il y a des normes de sécurité, etc.


Jean-Yves Cueilhe, vous êtes façadier, ces deux définitions vous conviennent-elles ? En quoi consiste votre métier ?

Jean-Yves Cueilhe – Oui, tout à fait. Car nous créons effectivement l’enveloppe du bâtiment. Nos clients, notamment les architectes, ont un besoin : créer une façade qui peut être vitrée, en panneaux, etc. Une enveloppe qui concentre toutes sortes de performances : design, thermique, sécurité… Nous prenons en compte ces attentes et définissons une solution technique répondant aux besoins. Cela se passe d’abord au niveau du bureau d’études avec nos ingénieurs. Ensuite avec nos compagnons, à l’atelier pour fabriquer, puis sur les chantiers pour poser. Notre métier présente cette particularité d’essayer de produire au maximum en atelier et fabriquer des blocs, afin que ce soit le plus rapide possible sur le chantier.

Comment a évolué et comment évolue aujourd’hui le métier ?

Jean-Yves Cueilhe – Les premières évolutions ont porté sur la thermique. Les normes ont évolué vers un renforcement de l’isolation des façades. Aujourd’hui, en plus des économies d’énergie, la demande porte sur l’environnement : par exemple, nos chutes d’aluminium et les anciennes menuiseries repartent dans le circuit pour être recyclées et réintégrer le processus de production d’aluminium. C’est là où nous avons besoin de partenaires industriels qui créent des produits. Ce qu’on ne pourrait pas assumer nous- mêmes sur plusieurs projets. Ils fabriquent le profilé, nous le distribuons, et nous fabriquons la menuiserie et le bloc-façade. Il y a aussi une forte demande en domotique, que nous gérons dans nos ateliers et mettons en œuvre sur chantier.
Vincent Bes – Effectivement, le métier a énormément changé. La réglementation évolue très vite et il est très important d’avoir des experts dans ses équipes, afin qu’ils diffusent leurs savoirs auprès des acteurs qui fabriquent. Que ce soit sur la partie conception, fabrication ou mise en œuvre. Tout doit être pris en compte, sans que cela ait d’impact sur les performances acoustiques, thermiques, ou encore la résistance des produits… Cela implique de former, d’informer. Être présents sur le terrain ou en digital, à travers les nouveaux outils de communication.
 
Sandra Bertin – Le métier de façadier est très particulier, car il doit s’adapter en permanence – ce qu’il sait faire – à la demande architecturale. Il est en perpétuelle remise en question. C’est fondamental. D’autant que l’évolution s’est accélérée et s’est récemment complexifiée, notamment avec la feuille de route liée à la nouvelle réglementation RE 2020. Laquelle demande de mesurer la performance du bâtiment au niveau de la consommation énergétique et au niveau carbone. Le façadier, qui est aussi porteur de ce message positif, va devoir changer son approche pour trouver la meilleure solution – celle qui saura répondre à la réglementation et bien sûr à la demande du maître d’ouvrage.

Qu’apportent les gammistes pour y répondre ?

Vincent Bes – Nous sommes aussi en perpétuelle évolution pour décarboner nos solutions. Nous travaillons sur le produit, mais aussi sur notre entreprise et son impact. Aux façadiers, nous apportons l’information dans tous les domaines : environnement, réglementation, normalisation. Nous les accompagnons sur les différents process : conception, fabrication, réalisation et mise en œuvre. Par exemple, depuis le début de l’année, nous avons formé 100 entreprises, soit 350 personnes, sur la nouvelle réglementation et ses implications.
Jean-Yves Cueilhe – Ils nous accompagnent aussi avec des logiciels métiers. Lesquels nous permettent de calculer le bilan carbone d’un bloc-façade et d’une menuiserie, en paramétrant tous les produits.
Vincent Bes – Il est, en effet, possible de tracer justement l’impact carbone de la menuiserie dans sa globalité, pas uniquement sur l’aluminium. Cela intègre l’ensemble de nos composants, les joints, les quincailleries…

Quelles sont les perspectives du marché ?

Sandra Bertin – Le façadier intervient aujourd’hui sur le neuf. La RE 2020 nous fixe la feuille de route. On sait où nous allons, et c’est cela qui nous dirige. Se présente également devant nous l’énorme marché de la rénovation du parc tertiaire. Il doit nécessairement embarquer les mêmes critères énergie/carbone que sur le neuf. Il est important de savoir que nous rénovons aujourd’hui 1 million de mètres carrés de façade par an. Avec l’application du décret tertiaire, le potentiel est déjà de 40 millions de mètres carrés à rénover. Je pense qu’il y a un boulevard d’innovations métier/offre qui se présente à nous. C’est toute la question portée par la loi Agec sur le réemploi, la maintenance.
 
Jean-Yves Cueilhe – Exactement, d’autant que l’on a un gisement d’aluminium sur ces anciennes menuiseries et façades-rideaux que l’on remet dans le circuit. Et la boucle est bouclée. Propos recueillis par Stéphane Miget

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Cet article est extrait de 5façade n°158 > Découvrir le numéro en intégralité <