Un système d’isolation thermique sous enduit peut tout à fait s’appliquer sur une ossature bois ou un panneau CLT. Et vu l’engouement pour la construction bois, c’est même une technique qui devrait se développer. Les industriels en ont bien conscience et mettent tout en œuvre pour y parvenir.

 Tous les industriels du secteur développent des solutions Etics pour ossature bois et CLT. Weber propose quatre systèmes dédiés avec isolant biosourcé ou, plus classique, laine de roche et PSE.
Photo : Weber

Ce n’est un secret pour personne : le bois séduit de plus en plus la construction ! Qu’il s’agisse de la maison individuelle, du logement collectif, ou encore des bâtiments publics ou des ERP. Les évolutions technologiques concernant l’ossature bois et le bois d’ingénierie, le fort développement de la préfabrication (hors site), un cadrage normatif plus précis, une réglementation environnementale (RE2020) favorable… On peut dire que l’alignement des planètes est presque parfait pour la construction bois ! Sans compter que les pouvoirs publics entendent bien développer la filière… Ce qui ne veut pas dire que les bâtiments seront tous bardés de bois. Loin de là. Car aujourd’hui, la tendance est plutôt de laisser le bois visible à l’intérieur et de le dissimuler, tout ou partie, à l’extérieur. Aussi se pose la question du revêtement de façade à mettre en œuvre. Si le bardage et la façade ventilée sont en première ligne, les systèmes d’isolation thermique sous enduit, autrement dit les Etics1, sont eux aussi totalement adaptés. Aujourd’hui, ce sont des procédés courants développés par les industriels spécialistes de la façade, et ils sont très prisés dans le secteur du logement collectif. Le recours à l’enduit s’explique bien sûr par des arguments d’ordre économique, mais aussi parce que ces revêtements offrent un certain nombre d’avantages techniques : performances thermiques, sécurité incendie, résistance à la compression… Sans oublier leur dimension esthétique, avec des finitions toujours plus variées en termes de couleurs, d’aspects, et aussi de nature de revêtement (minéral, chaux, silicate, silicone…). Ces systèmes bénéficient d’Avis techniques autorisant leur pose sur des constructions bois jusqu’à 9 mètres de hauteur, voire jusqu’à 28 mètres pour ceux pourvus d’une Atex du CSTB. Il s’agit notamment de procédés intégrant de la laine de roche comme isolant. Dans le même esprit, il existe des systèmes de bardage à enduire que l’on peut appliquer sur une ossature bois ou sur un panneau CLT.

Pour favoriser l’utilisation des Etics (1) dans la construction bois, la filière, représentée par le Codifab (2), ainsi que les industriels du secteur à travers le Sipev (3) et le SNMI (4), ont souhaité aller plus loin que les prescriptions habituelles, définies dans le cahier CSTB 3729 V2 de décembre 2014. En effet, le domaine d’application dudit cahier est limité sur plusieurs aspects : le support doit être conforme au NF DTU 31.2 ; la pose des Etics est à réaliser intégralement sur chantier et leur hauteur est limitée à 9 mètres (hors pignon). Résultat : le rapport de préconisations « Systèmes Etics sur parois à ossature bois et CLT », publié par le CSTB et le FCBA, fait des propositions de prescription pour la mise en œuvre des Etics en atelier (préfabrication), pour intégrer les panneaux massifs (CLT) en tant que support et pour élever la limite de hauteur des surossatures bois à 28 mètres.

  • 1 Acronyme anglais pour External Thermal Insulation Composite System
  • 2 Comité professionnel de développement des industries françaises de l’ameublement et du bois
  • 3 Syndicat des industries des peintures, enduits et vernis
  • 4 Syndicat national des mortiers industriels
 Le caractère incombustible de certains isolants autorise une application sur des bâtiments bois jusqu’à 28 mètres de hauteur… À condition toutefois de bénéficier d’une Atex ou d’un avis technique. REDArt© Ossature Bois/Rockwool.
Photo : Rockwool

Bardage à enduire sur mur-rideau à ossature bois

Situés à Paris, dans le 16e arrondissement, ces quatre immeubles d’une centaine de logements sociaux sont habillés d’un système de bardage à enduire appliqué sur un mur-rideau à ossature bois. Signe distinctif : leurs façades courbes.

 

Photos : Manuel Panaget

Confié aux architectes Kazuyo Sejima et Ryūe Nishizawa, de l’agence Sanaa (prix Pritzker en 2010), associés à l’agence parisienne Extra Muros, ce projet parisien en lisière du bois de Boulogne est original à plus d’un titre. En premier lieu, sa structure poteaux-planchers en béton et le fait qu’il repose sur des pilotis métalliques. Une configuration qui apporte un maximum de transparence au rez-de-chaussée et permet de ménager un cœur d’îlot planté. Le contreventement des bâtiments courbes est assuré par les noyaux en béton abritant les ascenseurs. Les façades cintrées, non porteuses, sont réalisées au moyen d’un mur-rideau à ossature bois, qui passe devant les nez de dalles pour assurer la continuité de l’isolation thermique. Ici, l’industrialisation des murs a été poussée au maximum. Préfabriquées en usine, les façades rideaux en ossature bois intègrent les menuiseries – 600 en tout –, leurs volets et leurs garde-corps. Les panneaux de hauteur d’étage atteignent jusqu’à 9 mètres de longueur. En finition, les murs bois ont été habillés d’un bardage à enduire StoVentic de chez STO, bénéficiant d’un avis technique. Sur le plan technique, la structure secondaire est mise en œuvre avec un système mixte : ossature verticale métallique et ossature horizontale cintrée en bois. Suffisamment souples pour épouser les courbes de la façade, deux planches superposées, à joints décalés, sont fixées sur la structure verticale en profilés oméga, préalablement posée en usine sur le pare-pluie qui, lui, recouvre les panneaux de façade préfabriqués en bois.

Enduit blanc ivoire

Un calepinage méticuleux, intégrant 31 rayons de courbure différents, a été étudié par l’entreprise de pose qui a pris en compte l’emplacement des 600 fenêtres et la courbure de la façade pour limiter le volume de chutes de panneaux. Passé ce travail de préparation, la société STO a fourni des plaques aux dimensions et aux rayons spécifiques pour s’adapter au projet. Sachant que chaque plaque comprend une âme en mortier de granulats de verre expansé recyclé, revêtue d’un treillis en fibres de verre sur ses deux faces pour renforcer sa résistance mécanique. Afin d’obtenir des découpes précises et régulières pour une finition optimale, les rainures sur la face convexe sont effectuées en usine. En finition, les architectes ont choisi un enduit blanc ivoire en finition talochée à grain fin. Au préalable, un enduit de base armé d’une fibre de verre est appliqué. Ce sous-enduit armé vient boucher la multitude de rainures pratiquées dans les plaques, tandis que l’enduit de finition offre la surface lisse que souhaitaient les architectes pour mettre en exergue la géométrie des bâtiments.



 

Photos : Manuel Panaget

Deux guides pour l’ITE sur ossature et construction bois

Veiller à la livraison des ouvrages et aménagements nécessaires à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2024 (JOP 2024), et aussi pérenniser ces ouvrages à l’issue des Jeux, dans le cadre d’un projet urbain durable. Telles sont les deux missions que la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo) poursuit notamment dans le domaine des constructions bois, avec le concours du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), afin d’évaluer des produits et procédés innovants. L’objectif étant que ces modes constructifs accèdent plus facilement aux marchés du projet JOP 2024. Plus généralement, les actions d’intérêt général menées par le CSTB et la Solidéo visent à renforcer les recherches dans le domaine des opérations bois et biosourcés. Il s’agit également de s’assurer que les constructions prévues par les équipes lauréates peuvent servir de démonstrateurs de l’innovation, face aux nouveaux enjeux de la ville au 21e siècle. Cela se traduit par la mise à disposition de deux guides de conception sur des systèmes de façade à ossature bois, qui visent à faciliter l’appropriation, par les équipes de maîtrise d’ouvrage, de techniques non traditionnelles d’isolation thermique par l’extérieur souhaitées sur les opérations du Village des athlètes : – document de conception d’un Etics sur FOB/COB, – document de conception d’un bardage de terre cuite sur FOB/COB. Ces documents réalisés par le CSTB et la Solidéo, en partenariat avec la Socotec et avec le soutien financier du Codifab et de France Bois Forêt dans le cadre des projets AdivBois (immeubles grande hauteur) et France Bois 2024, prennent la forme de deux guides facilitant l’obtention d’une Appréciation technique d’expérimentation (ATEx) de réalisation ou d’Avis technique (ATec) pour une reconnaissance en technique courante.

Ces articles sont extraits de 5Façades 156, découvrez le numéro en intégralité sur la plateforme Calameo.com