La mise en place d’un système d’isolation thermique par l’extérieur sous enduit est d’une grande efficacité sur le plan thermique et esthétique. À une condition : que la mise en œuvre soit parfaite, notamment les points singuliers.

Les habitudes constructives évoluent. Pour preuve, le développement significatif des systèmes d’isolation thermique par l’extérieur sous enduit (Etics) et façades ventilées. Dans cet ensemble, les procédés sous enduit mince sont majoritairement prescrits. Sur les quatre dernières années, le marché des Etics, expliquent les industriels membres du groupement du Mur Manteau, a connu une croissance de 41 %, soit 17,2 millions de mètres carrés en 2023. En 2024, du fait de l’augmentation des taux d’intérêt, de l’inflation entre autres, le marché devrait rester stable.

La qualité d’exécution, la prise en compte de l’ensemble des points singuliers de la façade et la formation des compagnons sont essentielles à la réussite des chantiers d’isolation thermique par l’extérieur. Application du système Webertherm de Weber.
Photo : Weber

Pour que le succès ne se démente pas, il est important que prescription et mise en œuvre soient à la hauteur. L’une des conditions de la réussite, sinon la condition, repose sur le traitement des points singuliers. Lequel est capital si l’on veut une enveloppe performante sur le plan thermique, esthétique, en termes d’étanchéité à l’eau, et également pérenne.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces points singuliers, en neuf ou rénovation, sont légion : jonction avec les balcons, encadrements de baies, arêtes et angles rentrants et sortants, jonction entre murs et toitures, acrotères, joints de dilatation en façade et en toiture-terrasse, saillies pour les bâtiments existants ou encore soubassements, fondations, planchers bas sur terre-plein…

Il est donc impératif de les traiter pour réaliser une enveloppe sans pont thermique et assurer ainsi une isolation esthétique en continu. Outre une limitation des déperditions, ce traitement évite les risques de moisissures, de condensation et de corrosion au droit des ponts thermiques, à l’intérieur du bâtiment.

Profil de départ clipsable avec goutte d’eau d’Edilteco.
Photo : Edilteco
Pour toutes les baies et menuiseries : découpe en L de l’isolant et réalisation de coins de mouchoir obligatoires.
Photo : Parexlanko

Réflexion préalable

A priori, dans le neuf, leur traitement est plus simple, car pensé (normalement) dès la phase de conception. Cela dit, les architectes aiment jouer avec les volumes et les ouvertures, donc ont tendance à les multiplier. Autre tendance qui peut être génératrice de points singuliers : la multiplicité des revêtements de façade sur un même bâtiment posant ainsi la question de la jonction entre, par exemple, un enduit et un bardage. Dans l’existant, tout dépend du type de bâtiments. Mais les choses ne sont pas toujours simples, notamment lorsqu’il y a des saillies en façade ou des modénatures. En neuf ou rénovation, le raccordement du système d’ITE avec les ouvertures représente, avec les raccordements en toiture et le traitement des angles et joints, l’un des points les plus critiques lors de la mise en œuvre. C’est pourquoi, au-delà de l’isolation elle-même, il est nécessaire de réfléchir avant le démarrage de chantier à la réalisation de ces points singuliers. Et s’il y a changement de menuiseries, cette réflexion doit être menée avec le fournisseur de celles-ci. Dans tous les cas, les angles de baies vitrées seront obligatoirement renforcés à l’aide de mouchoirs de renfort, avant la mise en œuvre du sous-enduit.

Inertie, déphasage, protection contre la chaleur estivale et bien sûr isolation thermique, les systèmes intégrant des panneaux de fibres de bois sont de plus en plus nombreux. La mise en œuvre est identique et donc les points singuliers à traiter sont les mêmes. Parnatur isolant fibres de bois Parexlanko.
Photo : Parexlanko

Système complet

Outre une bonne technicité des opérateurs, il est important d’avoir connaissance des documents relatifs aux procédés. À ce jour, il n’existe pas de DTU et ces systèmes sont encore considérés comme technique non courante, sauf s’ils bénéficient d’un ATec ou ATE et DTA. Pour autant, il existe de nombreux documents auxquels il convient de se référer : comme la version 2 du cahier CSTB 3035 (CPT), relatif aux conditions d’emploi et de mise en œuvre des systèmes d’isolation thermique extérieure par enduit sur polystyrène expansé. De même, les procédés sont systématiquement proposés dans le cadre d’un système complet qui intègre les composants techniques (isolants, treillis, fixations…) et une finition compatible avec tous les composants. Selon les fabricants et les assureurs, cette approche optimise les performances et la pérennité du système.

 

Attention : risque de pathologies

Si le nombre de malfaçons n’explose pas, l’Agence qualité construction (AQC) note tout de même l’apparition de nouvelles pathologies liées au renforcement de la réglementation thermique et au changement dans les habitudes constructives. Par exemple, avec la pose au nu extérieur du mur de menuiseries dotées de précadres. Si le joint n’est pas correctement réalisé, il y a risque d’infiltration à l’interface ITE menuiserie. Sinon, la plupart des problèmes rencontrés proviennent d’une pose approximative. La découpe des isolants PSE notamment. Il est indispensable qu’elle soit réalisée au fil chaud, les découpes à la scie s’avèrent approximatives, susceptibles de nuire à l’homogénéité et à la continuité de l’ensemble. Point important également, les rails de départ qui, pour autoriser leur dilatation, doivent être espacés de 3 mm. Il y a aussi des soucis aux angles. À ce niveau, les panneaux isolants doivent se croiser et les angles être renforcés à l’aide de profils dédiés (harpage). Il y a également de fortes problématiques au droit des joints des panneaux isolants qui sont rebouchés avec de la mousse polyuréthane (PU), ce qui crée un point dur susceptible d’engendrer de la fissuration. Attention également aux chevilles trop enfoncées et bien sûr aux baies : découpe en L de l’isolant et réalisation de coins de mouchoir obligatoires. Autre pathologie nouvelle : la mise en œuvre sur une même façade de PSE blanc et de PSE gris, d’où des dilatations différentielles et fissurations.

Certifiée Qualiopi, la formation « Chantier-école ITE : enduit mince sur isolant » de Sto, tout public, permet en deux jours d’appréhender toutes les étapes de pose, y compris le traitement des points singuliers tels les encadrements de fenêtre.
Photo : Sto

Dix vidéos pour s’informer et se former

Favoriser la qualité d’exécution comme la réussite des chantiers d’isolation thermique par l’extérieur, tel est l’objectif du groupement du Mur Manteau. Lequel a présenté en fin d’année dernière une série de 10 modules vidéo dédiés. Des vidéos informatives qui complètent les cycles de formation dispensés dans les centres des industriels membres du Mur Manteau. Une action en faveur de l’ensemble de la filière. Entre information et formation, cette initiative offre toutes les clés aux professionnels de l’ITE, entreprises et artisans, pour une parfaite maîtrise de la pose. La nécessité du respect du système mis en œuvre constitue en effet un gage de sécurité, tant pour l’entreprise, que pour le maître d’ouvrage et l’assureur. Disponibles sur le site web et sur la chaîne YouTube du Mur Manteau, ces modules d’un format court (entre 56 secondes et 2 minutes 45) marient vidéo et images 3D pour une parfaite compréhension et vulgarisation. Ces vidéos ont été tournées au Greta de Reims, spécialiste réputé de la formation aux métiers. Au programme donc, préparation d’un chantier réussi, étape par étape, les outils indispensables, les bons réflexes et de précieux conseils sur les points singuliers…

 

Stéphane Miget

Cet article est extrait du magazine 5Façades 165 disponible sur Calameo.