Signé de l’agence bordelaise BPM, ce bâtiment remarquable à la volumétrie asymétrique s’impose comme un signal fort du nouveau quartier de la Bastide-Niel, à Bordeaux. Son architecture singulière et son enveloppe en tuile terre cuite multifacette couleur argent n’y sont pas pour rien.
Photo : Edilians
C’est un projet complexe que cet ensemble livré en mai 2023, à Bordeaux, en limite de la ZAC Bastide-Niel, sur la rive droite de la Garonne. Il regroupe un centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), une résidence sociale étudiante et une résidence de logements étudiants en copropriété. Conçu par l’agence bordelaise BPM Architectes en groupement avec Delta Construction, cet îlot, baptisé B107, respecte scrupuleusement le Plan local d’urbanisme, Zone UP17 « Bordeaux – Bastide-Niel ».
 Conformément au plan d’urbanisme, façade et toiture sont traitées avec un seul matériau.
Photo : Edilians
En effet pour chaque îlot de la ZAC (1), le cahier des charges, défini par Bordeaux Métropole Aménagement et par l’équipe néerlandaise d’urbanistes de MVRDV Architects, imposait un même matériau en couverture et façade et une géométrie précise des bâtiments. Exemple : les limites séparatives et les reculs devaient être supérieurs ou égaux à 0 m et la hauteur inférieure ou égale à 40 m. Le tout étant sur une parcelle triangulaire.
Le triangle le plus au sud est dédié au centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA). Un positionnement qui, selon les architectes, favorise l’intimité : nuisances acoustiques limitées et vue adaptée aux familles. La résidence sociale étudiante est matérialisée, au nord et sud-est du triangle, par deux ailes qui convergent et s’entrecroisent. Pour les logements étudiants en accession, les concepteurs ont privilégié la pointe du triangle avec une aile sud-est.
Doc. : BPM
Élaboration de la volumétrie finale : « Conformément aux orientations d’aménagement et notamment à la fiche de lot relative à ce site, le bâtiment occupe l’enveloppe définie, les extrémités imposées ont été construites et les vides créés maintiennent la continuité du volume prescrit », expliquent les architectes.
Doc. : BPM

Volumétrie découpée

 

« Un atout que nous avons exploité au maximum pour répondre à la variété des programmes, explique Anaïs Villalba, architecte chez BPM. L’enjeu était de réaliser trois entités bien distinctes, totalement indépendantes les unes des autres dans leur fonctionnement. L’exploitation des trois côtés de la parcelle nous a permis de séparer les trois types d’usage de manière proportionnée. » Ainsi la volumétrie initiale proposée par l’urbanisme de la ZAC a été découpée pour créer un cœur d’îlot et différentes failles de manière à faire pénétrer la lumière naturelle et à souligner les différentes entités. Très concrètement, le bâtiment du CADA s’élève jusqu’au R + 3, les logements étudiants en accession jusqu’au R + 7 et la résidence sociale étudiante jusqu’au R + 10. Pour les entités résidence sociale étudiante et CADA, le rez-de-chaussée est dédié aux fonctions d’accueil, d’administration et de services. Pour les logements étudiants en accession, il sert juste d’accès au bâtiment et aux logements. Une cour intérieure permet aux étudiants de la résidence ainsi qu’aux habitants du CADA de bénéficier d’un espace vélo couvert avec un traitement végétalisé. Cette cour est scindée en deux (visuellement), de manière qu’il n’y ait pas d’interactions entre les deux structures. Au niveau de la faille sud-est en R + 1, une terrasse extérieure conviviale crée un espace de rencontre végétal et minéral.

Au rez-de-chaussée, les soubassements sont protégés des chocs par un béton matricé gris, une teinte en harmonie avec celle des tuiles.
Photo : Edilians
3 077 m2 de tuiles terre cuite ont été posées (Diamant Huguenot Edilians) : 1 318 m2 en toiture (pente 45 %) et 1 759 m2 en bardage. Les tuiles solaires (MAX 16 cellule d’Edilians), 892 en tout, ont une production énergétique totale de 67125 Wc en condition optimale, soit 75 Wc par tuile.
Photo : Edilians

Traitement unique en tuiles terre cuite

Pour l’habillage de ces volumes dont, rappelons-le, le maître d’ouvrage impose un revêtement identique en couverture et façade, les architectes ont choisi la tuile terre cuite grand moule structurée (30,4 x 45 cm) Diamant Huguenot Edilians en coloris argentique, adaptée en bardage et toiture. « Cette tuile à relief multifacette gris argenté offre des variations tout au long de la journée en fonction de la course du soleil et de la couleur du ciel. Les facettes de la tuile offrent des brillances très différentes qui confèrent une identité singulière à l’îlot. Cette tuile nous a aussi permis de travailler les différents volumes, chaque entité est séparée par des joints de dilatation », souligne Anaïs Villalba. Tout aussi important, le recours à un procédé pérenne et économique : « Il s’agit d’un produit standard, abordable, de fabrication traditionnelle, mis en œuvre avec des accessoires qui facilitent la pose. Et, sur le plan de la durabilité, elle est garantie trente ans. »

Autre intérêt, leur association avec des tuiles photovoltaïques du même fabricant, le projet prévoyant une centrale photovoltaïque de plus de 3000 m2. « Intégrées dans le pan des toitures, sans surépaisseur, elles assurent l’étanchéité et autorisent une plus grande flexibilité d’installation que les panneaux traditionnels. Au niveau des coloris, la tonalité de la tuile photovoltaïque offre une harmonie parfaite avec la teinte argentée de la tuile Diamant. »

Le patrimoine existant et les empreintes actuelles de l’ancienne caserne et des sites ferroviaires ont donné l’opportunité à l’agence MVRDV de créer un quartier de centre-ville comprenant 126 îlots différents. Chacun se distingue, en effet, par sa forme, son volume, ses contraintes et sa programmation. Une programmation mixte à l’échelle du quartier comme au sein des îlots eux-mêmes avec, si possible, une superposition des programmes.

Stéphane Miget

 

Cet article est extrait du n°162 du magazine 5Façades disponible sur Calameo.