À Dijon, l’atelier Graam livre le siège social de la Caisse d’épargne Bourgogne Franche-Comté (CEBFC), à la suite du silo de parking de 560 places de stationnement, dont les franchissements de 15,70 m sont réalisés par d’imposantes poutres de bois de 66 cm de haut. L’immeuble tertiaire présente un exosquelette de lamellé-collé, qui, incorporé dans une double peau ventilée, traduit l’insatiable intérêt des architectes pour les questions constructives.

Graam est une agence d’archi­tecture dont l’appétence pour la filière sèche n’a jamais faibli. Le bois, « piège à CO2 », « naturellement isolant », « non polluant » et « régulateur hygrométrique des intérieurs », selon l’architecte Alice Mucchielli, y tient une place prépondérante. Considérant que la région Bourgogne Franche-Comté est dotée de grandes forêts et que la Caisse d’épargne est elle-même propriétaire de nombreux massifs forestiers, l’agence de Montreuil a conçu le siège social de l’établissement bancaire au moyen quasi exclusif de ce matériau. Mieux que cela, elle s’est donné pour objectif de réaliser le bâtiment sans noyaux en béton. Il en résulte des contreventements déportés en façade, qui confortent la valeur démonstrative et la monumentalité du projet de 9 560 m2. Implanté dans la ZAC Valmy, en périphérie nord de Dijon, l’immeuble tertiaire de la CEBFC se compose d’un socle en béton banché et de six étages en structure poteau-poutre de résineux. Les côtés est et ouest de la parcelle de 8 300 m2 accueillent les places de stationnement des visiteurs. Les salariés garent leur véhicule personnel dans le niveau semi-enterré du socle et dans le silo de parking au nord du site. Ouvert sur l’avenue Françoise-Giroud, l’accès piéton présente une séduisante séquence d’espaces traversants – intérieurs et extérieurs –, constituée d’un parvis sous pilotis, d’un patio à l’air libre, d’un hall d’accueil, d’un atrium coiffé d’une verrière et d’un hall d’entrée secondaire. Cette structuration spatiale entièrement vitrée de la partie centrale du rez-de-chaussée génère deux ailes de fonction distincte. La première, à l’est, abrite la salle de sport et les locaux logistiques (traitement du courrier, etc.). La seconde, à l’ouest, est dédiée aux salles de réception et de formation.

Hors standard

« Tous les bureaux et toutes les salles de réunion bénéficient d’un éclairage naturel en premier jour », souligne Mathias Romvos, cofondateur de Graam. L’épaisseur bâtie des quatre derniers niveaux, comparable à celle des immeubles de logements, n’est que de 13,50 m. Cette modeste dimension en termes de rentabilité est compensée par l’importante superficie des deux premiers étages (40,50 x 62 m), dont le centre est éclairé par l’atrium et le patio. L’idée est à la fois de créer des environnements intériorisés (patio, atrium) et des univers extravertis sur la campagne dijonnaise (étages élevés). En d’autres termes, il s’agissait de se défaire des « standards de l’immobilier tertiaire, de ses dédoublements de couloir et de ses locaux aveugles », afin de diversifier l’expérience des utilisateurs et leur rapport à l’extérieur. La structure porteuse de l’immeuble (trame de 2,70 m) se compose de poteaux en lamellé-collé de 30 cm de section (une file en façade, une double file en circulation centrale), sur lesquels reposent des poutres longitudinales en LVL et des solives en lamellé-collé. Les panneaux de CLT ne sont utilisés que dans deux cas de figure : les murs des noyaux et les planchers des circulations centrales, dans lesquels transitent les charges au vent, transmises par l’exosquelette triangulé de la double peau par l’intermédiaire des butons en acier galvanisé. Tous les planchers qui ne sont pas en CLT sont faits de béton préfabriqué. Ils ne jouent aucun rôle structurel.

Photo : Luc Boegly

Rusticité high-tech

« La double peau bioclimatique permet un gain de l’ordre de 5 °C par rapport à la température de l’air extérieur », explique Mathias Romvos. Recoupée au feu tous les deux niveaux par des coursives de maintenance, elle mêle des imaginaires très contrastés. La rusticité du bois est neutralisée par la gracilité du verre, qui, suspendu aux poutres supérieures de l’exosquelette, est choisi en version extra-claire, de sorte que la transparence soit totale lorsque le regard de l’observateur est orienté perpendiculairement aux façades. Contrepoint de cette perception frontale, sans obstacle visuel, sur les puissantes croix de lamellé-collé : les vues obliques produisent des reflets plus prononcés qu’avec un vitrage ordinaire. L’ouvrage perd entièrement sa substance et sa profondeur, au profit de la couleur du ciel, de la cinétique des nuages et des lumières.

Axonométrie structurelle montrant l’emplacement des planchers de bois (CLT) qui transfèrent les charges au vent de l’exosquelette (lamellé-collé) sur les noyaux (CLT).
Doc. : Graam
 Structure intérieure de la double peau.
 Façade arrière avec son entrée secondaire.
Photos : Nicolas Waltefaugle

Toutes les largeurs de fenêtre de la paroi intérieure de la double peau (menuiseries mixtes bois-aluminium) sont données comme des multiples de 30 cm, sorte de nombre d’or de l’agence Graam, déduit de la largeur normalisée d’un panneau de bois ou dérivé du bois (120 cm). Avantage de la filière sèche : le clos et couvert du bâtiment a été réalisé en moins de cinq mois, avec des nuisances sonores réduites, eu égard à la tranquillité de l’hôpital privé Dijon Bourgogne-Ramsay, dont la parcelle est mitoyenne. Composés de panneaux à ossature bois remplis de laine minérale, les murs de façade de deux hauteurs d’étage ont été entièrement montés en atelier, habillage de triplis de mélèze compris.

Tristan Cuisinier

 L’atrium, coiffé d’une verrière et habillé de triplis de mélèze.
Amorce de la séquence d’entrée montrant le parvis sous pilotis et le patio à l’air libre.
Photos : Nicolas Waltefaugle
  • Maîtrise d’ouvrage : SCCV Tertiaire Valmy, LCDP (promoteur), Société Est Métropole (maître d’ouvrage délégué), Athlance (AMO)
  • Architecte : Graam
  • Bureaux d’études : C&E ingénierie (structure), Hydraeco (fluides), Ateec (économie)
  • Surface de plancher : 9 560 m2
  • Montant des travaux : 21,7 M€
  • Livraison : 2022

Cet article est extrait du magazine 5Façades 159 disponible en intégralité sur Calameo.