Le bardage, sous toutes ses formes et matières, a conquis les façades des bâtiments contemporains, de la maison individuelle aux bâtiments tertiaires les plus imposants. Un succès qui ne se dément pas, d’autant que les systèmes se sont adaptés aux contraintes réglementaires (thermique et incendie) et aux demandes de plus en plus originales des architectes.

Conçu par l’agence In Situ Architectes à Roubaix, le projet d’extension et de rénovation de la caserne Baudimont à Arras marie l’inox et la terre cuite Argeton de Wienerberger. Photo : Wienerberger

Jusqu’à fin 2019 et début 2020 – avant la crise sanitaire –, le marché des bardages, et donc de la façade ventilée, était relativement stable. L’enquête annuelle du Syndicat national des bardages et vêtures isolés (SNBVI) montre, en 2019, une hausse de +1 % en mètres carrés et de +3,2 % en CA. Soit 37 millions de mètres carrés posés (données MSI Reports). Les bardages acier arrivent en tête avec 46 % du marché, le bois et l’aluminium sont loin derrière avec respectivement 18 % et 10 % du marché. En 2020, en raison de la crise Covid-19, le SNBVI a constaté une baisse de -11 %. Pour 2021, les prévisions du syndicat sont à la hausse, de l’ordre de 6 % par rapport à 2021. En 2022, les systèmes de bardage devraient retrouver un bon niveau, tant la façade ventilée est appréciée des maîtres d’ouvrage et architectes. D’autant que ces derniers ont acquis une plus grande maîtrise de ces systèmes. Leur développement, très important ces vingt dernières années, est lié au Grenelle de l’environnement et à la réglementation thermique (RT 2012) qui en a découlé et la RE 2020 ne le démentira pas.

Résidence étudiante à Londres. Simpson Haugh Architectes. Les bardeaux Piterak Slim striés gris de Terreal posés à l’horizontale sont ici associés à des éléments terre cuite lisses sur mesure plus clairs qui encadrent les fenêtres et dessinent une grille en relief. Photo : Matthew White

Ces réglementations ont mis en lumière l’intérêt des procédés d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) et de la façade ventilée qui permettent de régler nombre de problématiques – celle des ponts thermiques structurels, entre autres –, tout en procurant une esthétique spécifique à la façade. Les produits se sont, quant à eux, adaptés, notamment grâce à des essais qui mettent en confiance certains maîtres d’ouvrage et architectes peu habitués, jusque-là, à ces techniques. Dans le même temps, de nouveaux modes constructifs ont émergé. Pour exemple, les structures à ossature bois et métallique qui, par nature, appellent presque automatiquement un bardage. Sachant que les architectes ne préconisent pas d’emblée le bardage bois sur un bâtiment à ossature bois, préférant parfois une enveloppe plus minérale, plus métallique. Et de ce côté, ils ont l’embarras du choix. Par ailleurs, ils se sont approprié le bardage qui leur permet d’animer et de composer des façades très originales, et sont devenus de plus en plus exigeants en la matière.


Quand parle-t-on de façade ventilée ?

Un revêtement de façade en bardage classique est composé d’un parement fixé sur une ossature dite « secondaire » (bois ou métal), elle-même solidarisée à la structure du bâti par un système de fixation spécifique. Indépendant du parement, l’isolant est fixé sur le gros œuvre. Un procédé qui ménage une lame d’air entre l’isolant et le dos des éléments. D’où le nom de « façade ventilée ». Avantage : la lame d’air, en circulant entre le revêtement et l’isolant, a une fonction d’assainissement du bâti. Ce système vient compenser les éventuelles inégalités de la façade. On peut faire la distinction entre les bardages à peau extérieure étanches à l’eau et ceux à joints ouverts qui n’assurent pas le même niveau d’étanchéité. Les bardages ventilés se distinguent par une très grande variété de références et de matières : aluminium, acier, bois, terre cuite, verre émaillé, composite…

Avis technique obligatoire et DTU

Attendus par les professionnels de la façade depuis l’annulation, en 2020, des avis techniques portant sur les bardages rapportés, les premiers textes de la norme française DTU 45.4 P1-1-2 « Systèmes d’isolation thermique par l’extérieur en bardage rapporté avec lame d’air ventilée » sont parus. Et certains s’appliquent déjà depuis octobre 2021 : citons la partie commune à tous les types de parements, celle concernant les panneaux HPL, ainsi que les critères généraux de choix des matériaux et le CCS (cahier des clauses administratives spéciales types). Ainsi ces procédés entrent dans le champ des techniques dites « traditionnelles » et sont par conséquent assurables.


 


Façades ventilées et réglementation feu

Le règlement de sécurité incendie en façade, défini par l’instruction technique 249 (IT 249), ne pose pas d’exigences sur un matériau de construction en particulier, mais définit des performances à atteindre. Le bois peut, par exemple, y répondre ; il est possible de l’utiliser pour la structure de bâtiments de grande hauteur, mais aussi en bardage de façade ventilée. Il est important de distinguer la résistance au feu de la réaction au feu. Pour la résistance, ce sont les bureaux d’études qui calculent les structures garantissant la stabilité du bâtiment. Pour la réaction au feu, le travail porte sur les matériaux de façade. Sachant que ce n’est pas uniquement le bardage qui conditionne le classement de réaction au feu de la façade, mais davantage sa mise en œuvre, son usage, son profil. C’est l’ensemble du complexe de façade qu’il convient de prendre en compte. Dans ce cadre, les exigences sont performancielles, le matériau de construction doit s’adapter.


 

Lycée Simone-Veil à Ajaccio. ADP Architectes. Panneaux stratifiés (laminés à haute pression HPL) Trespa Meteon de couleur blanche travaillés en moucharabiehs en contraste avec l’acier Corten. Photo : Armand Luciani

Bardage lamellé grande longueur et prétraité en Douglas Largo Évolution lasuré gris vieux bois de chez Piveteau. Photo : Piveteau

Accompagnement des industriels

Les industriels essaient de répondre au mieux à ces attentes et rivalisent d’ingéniosité avec des systèmes de façade ventilée de plus en plus sophistiqués, variés et pérennes. Soit un travail important de leur part, autant en étude qu’en accompagnement. Lors de la prescription et de la pose, de nombreux points de vigilance sont, en effet, à prendre en compte. Il convient notamment de s’assurer que le procédé retenu autorise, en cas de casse de l’un des éléments, son remplacement et que le système d’ossature et de fixation de la peau extérieure offre une durabilité au moins équivalente à celle du matériau de façade. Attention également à la résistance aux chocs des matériaux dans les zones de circulation et à la protection des pieds de façade. Cette variété de produits a une influence sur les modes de fixation avec un accroissement important du sur-mesure. Il est bien sûr possible de traiter la plus grande partie des façades avec des gammes lambda, disponibles et bien calculées. Mais les industriels interviennent de plus en plus souvent en amont et pendant la phase chantier, collaborant avec les architectes et les équipes de pose pour trouver des solutions adéquates, notamment pour le traitement des points singuliers. Les accessoires sont adaptés à la complexité des façades du chantier avec, par exemple, des équerres plus larges, plus longues, etc.

 

Stéphane Miget


Une offre pléthorique

Bardage bois tout terrain

Des traitements de surface de plus en plus sophistiqués et efficaces – y compris contre le feu – ; un vaste choix d’essences qualitatives – sapin, épicéa, pin sylvestre, pin maritime, mélèze, Douglas et Red Cedar pour les résineux, châtaignier, chêne et robinier pour les feuillus – ; une gestion durable des forêts ; une offre toujours plus élargie en bois locaux ; des lames dernière génération plus ou moins larges, biseautées ou aboutées en bois massif ou contrecollé ; un développement important des systèmes à claires-voies. Autant de raisons qui expliquent l’intérêt croissant pour le bardage bois.

Bardages composites pour façades composées

Associer les matériaux pour en tirer le meilleur, c’est la force des bardages dits « composites ». Une association qui va renforcer les propriétés, telles la résistance mécanique, la stabilité dimensionnelle autorisant les grands formats, la durabilité, ou en apportera d’autres comme la résistance au feu. C’est aussi un moyen d’économiser de la matière noble et d’utiliser des produits et sous-produits tels que sciure ou copeaux de bois, déchets de carrière (marbre, ardoise, basalte…). Autre intérêt à mixer les matières : la légèreté. Parfois relative, elle assure néanmoins une meilleure maniabilité lors de la mise en œuvre sur une ossature elle aussi légère. Soit une solution plus économique et facile à installer.

Bardage et tuile terre cuite : offre démultipliée

Matériau ancestral, la terre cuite n’a de cesse de se réinventer. Tuiles et bardeaux, l’offre est aujourd’hui de plus en plus variée, dans les formats, les couleurs, ou encore les textures. Les domaines d’emploi sont variables d’un système à l’autre, mais ce sont en général des solutions qui peuvent être mises en œuvre sur tout type de bâtiment. En outre, elles offrent une grande latitude d’expression architecturale, avec toutes les options liées aux couleurs classiques de la terre cuite ou aux variantes émaillées, sans oublier le sur-mesure pour des traitements multicolores.

Systèmes façades ventilées métal

En façade, le métal – aluminium, acier, cuivre, zinc – fait un tabac, et ce, sous toutes ses formes : bardages, cassettes, panneaux composites. Côté design, tout est possible ou presque. Quelle que soit la nature du métal, les propositions sont de plus en plus variées, colorées et modulables. Avec le zinc, la tendance est aux produits prépatinés, proches de la patine naturelle, ou colorés – certains fabricants choisissent la discrétion avec des tons pastel, tandis que d’autres n’hésitent pas avec des teintes soutenues, voire brillantes. Pour l’acier et l’aluminium, les palettes de couleurs n’en finissent pas de s’enrichir, auxquelles s’ajoute une large gamme d’aspects de surface (mat, brillant, poli…). Avec une tendance : le retour de la tôle nervurée.


 

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