Sur le campus de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, le nouveau bâtiment destiné à la recherche se caractérise par sa géométrie et ses façades immaculées. Toutes de verre et aluminium poli, elles se déploient tel un ruban. Le 5 décembre dernier, la faculté de médecine de l’université Paris-Saclay a inauguré, sur son campus du Kremlin-Bicêtre (94), un nouveau bâtiment dédié à la recherche translationnelle. Au cœur de l’hôpital Bicêtre, cet édifice de 7 100 m2, conçu par l’agence Pargade architectes, est relié aux plateformes technologiques de l’université, aux hôpitaux de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) ainsi qu’au centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy. Une opération de 20 millions d’euros. Posée en proue du CHU de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, cette extension contemporaine illustre la volonté de constituer un pôle d’excellence de la recherche et de l’enseignement français, ouvert sur la ville et le monde scientifique. L’entrée principale de l’institut est au plus près du bâtiment (enseignement et recherche) existant et en vis-à-vis de l’entrée du CHU.

Le parvis a été aménagé pour créer le lien entre les trois établissements et créé un véritable espace public, un lieu d’échanges entre étudiants, chercheurs et médecins. De même, une attention particulière est portée à la qualité de vie : les espaces de convivialité et de détente sont ainsi regroupés au centre de chaque unité.

Plus concrètement, le bâtiment comprend deux étages techniques, un rez-de-chaussée bas et un rez-de-chaussée haut dédié aux réunions et à l’accueil d’événements, avec un auditorium de 300 places. À cela s’ajoutent trois niveaux de laboratoires, qui étaient jusque-là dans l’enceinte historique de la faculté, désormais connectée à ce nouvel ensemble par un parvis. Les surfaces libérées dans ladite enceinte seront dévolues, après rénovation et réaménagement, à l’enseignement, notamment au développement d’activités pédagogiques innovantes. 

Le verre et l’aluminium poli clair, utilisés en façade, jouent avec la lumière et mettent en valeur la forme sculpturale du bâtiment.
Photos : Charly Broyez

Géométrie étoilée

« Le bâtiment reprend la géométrie du site d’implantation et forme un polyèdre, dont les angles arrondis répondent à l’architecture existante. Ses courbes font écho à l’environnement de la faculté et de l’hôpital, traduisant dans une écriture contemporaine le vocabulaire présent sur le site », expliquent les architectes dans leur présentation. Cette géométrie étoilée des façades, déduite de la forme du site, permet d’éclairer les six modules identiques de laboratoires et bureaux, répartis sur la périphérie du bâtiment. L’espace restant en son cœur abrite les locaux « servants ». L’organisation spatiale est compacte, unitaire et économe en surface et circulations. La continuité des pièces fait varier les frontières entre secteurs, assurant ainsi une interchangeabilité entre bureaux et laboratoires, et autorise les évolutions futures.

 

Située sur un point culminant, l’extension profite d’une vue panoramique exceptionnelle sur Paris et sa banlieue.

En façade, le verre et l’aluminium poli clair jouent avec la lumière et soulignent la forme sculpturale du bâtiment. « À l’image d’une sculpture en marbre poli de Brancusi, le bâtiment se reflète dans ses courbes et change d’apparence au gré de la luminosité extérieure », soulignent les architectes. En aluminium perforé, le soubassement et la terminaison reprennent le motif organique du plan. Comme les façades, le traitement de la toiture est soigné et intègre qualitativement les équipements techniques, tout en préservant la vue au loin.

Pargade Architectes en bref

Jean-Philippe Pargade, architecte membre de l’Académie d’architecture, fonde son agence à Paris, en 1980. Le Prix du palmarès de l’habitat qu’il obtient pour son projet de l’Ilot des Patriarches, à Paris, atteste de sa créativité. Créativité qu’il exerce ensuite dans la construction de grands équipements publics : centres de recherche, pôles d’enseignement, hôpitaux, logements, tertiaire. Pour preuves : Prix départemental d’Ile-et-Vilaine pour la Bibliothèque centrale de prêt à Rennes, médaille d’or de l’Académie internationale d’architecture pour le Centre hospitalier de Mantes-la-Jolie.

Il publie, en 2005, l’ouvrage Mutations, l’Ambassade de France à Varsovie, puis Multicolore aux Editions Ante Prima et, en 2010, Architectures subjectives aux Editions Archibook. Caroline Rigaldiès, architecte diplômée de l’École d’architecture Paris-Belleville (1991), a intégré l’agence en 1992. Pleinement en accord avec sa philosophie, elle y découvre le plaisir de transformer contraintes et difficultés en créativité, pour offrir une vision personnelle, sensible et humaine de son métier. Elle devient associée en 2003 et contribue avec passion à l’ensemble des projets, concours et réalisations, apportant son expertise sur les grands programmes complexes, hospitaliers, technologiques mais aussi urbains (enseignement ou logements).

 Très lumineux, les espaces intérieurs se veulent simples et efficaces.
Située sur un point culminant, l’extension profite d’une vue panoramique exceptionnelle sur Paris et sa banlieue.

Cet article est extrait du magazine 5Façades 161 disponible sur Calameo.