La construction bois s’invite de plus en plus souvent dans le secteur tertiaire et les ERP. Ce développement incite les industriels de la façade-rideau à adapter leur offre et à proposer des procédés techniques dédiés ou tout simplement standard mais adaptés aux techniques de la construction bois.
DLW Architectes, mairie de Basse-Goulaine (44). Murs-rideaux à trame verticale et horizontale. Photo : Stéphane Chalmeau

Avec le déploiement de la construction bois se développent des gammes de façades-rideaux dédiées ou des systèmes polyvalents capables de se fixer aussi bien sur de l’acier, de l’aluminium que du bois. Que ce soit en neuf ou en rénovation, la demande est de plus en plus importante. Ainsi, les gammes des fabricants offrent plusieurs déclinaisons, destinées pour les unes à la façade traditionnelle et pour les autres à l’ossature bois avec une adaptation selon le support. Par exemple, sur acier, on utilise des profilés supports en acier galvanisé ou en acier non traité, qui sont soudés ou fixés mécaniquement. Sur une ossature bois, pas besoin d’acier galvanisé, les profilés seront en aluminium. De même, les spécificités d’une façade-rideau destinée à un bâtiment à ossature bois résident moins dans le système proprement dit que dans son accroche avec le double objectif de garantir l’étanchéité et de rendre les fixations invisibles.

Soit une fixation par clameaux verticaux vissés à l’horizontale par de petites vis à bois sur l’ossature du bâtiment. Les professionnels sont capables de dire quelle vis utiliser et sur quelle profondeur selon que l’on est sur du lamellé-collé ou autre. Une solution aussi viable et pérenne qu’une façade-rideau sur ossature traditionnelle. Ces systèmes de fixation ne posent aucune limite en matière d’esthétique – façade vitrée VEC, avec capot serreur, intégration d’ouvrants à l’intérieur. Autre option : la possibilité de fixer par clissage. Des systèmes proposés avec des joints qui recouvrent et permettent, en vue intérieure, de ne voir que le bois et non l’aluminium. L’aluminium est juste un capotage extérieur. Ce joint assure, de plus, l’étanchéité de la façade et une certaine continuité. Il existe aussi des procédés 100% bois. Concrètement, la structure du profilé est en bois et toute la partie extérieure est en aluminium. Ici, toute l’inertie habituellement apportée par l’aluminium l’est par l’ossature du mur-rideau en bois. Ces procédés apportent des solutions esthétiques appréciées pour des ouvrages bois à forte valeur ajoutée.

Atelier d’architecture WOA, Industreet de la Fondation Total à Stains (93). Les façades basses du bâtiment à structure bois ouvrant sur le patio sont formées de murs-rideaux tramés. Photo : Anna Ader

Étanchéité à l’air

Quant à la problématique de l’étanchéité à l’air, d’aucuns la jugent résolue de par la pertinence de leurs systèmes. Il n’y aura pas de problèmes d’infiltrations d’air après perçage puisque l’on vient rhabiller devant et que l’étanchéité entre blocs est scellée. La façade-rideau est donc autonome, elle n’a plus de lien avec la structure de base, hormis via les pattes. L’étanchéité à l’air et à l’eau est assurée par l’emboîtement des blocs. Avec ce type de système bloc bois, il est possible de garantir une perméabilité à l’air de haut niveau grâce à la fabrication en atelier, mais également des performances thermiques très élevées. Il n’y a pas de problème sur chantier puisque tout est assemblé en atelier, les cadences de pose se trouvent fortement augmentées. Dans tous les cas, il s’agit de produits totalement industrialisés et parfaitement codifiés de manière à fournir les performances d’étanchéité requises. Dans le système mur-rideau bois/aluminium, c’est à la fois le capot serreur et les joints en aluminium qui constituent les éléments d’étanchéité. Le bois n’intervenant que pour la partie inertie, résistance et sur les calculs thermiques.

Greenbizz Brussels, Architectesassoc. Façade-rideau aluminium accrochée à la structure bois ajourée. Photo : Architectesassoc
Dilatation

Les étanchéités à l’air et à l’eau ne sont pas les seules problématiques à résoudre. En effet, ces systèmes mettent en présence des matériaux qui diffèrent dans leur comportement, notamment en termes de dilatation. Le bois se dilate différemment de l’aluminium. Aussi, lorsque l’on vient fixer mécaniquement le profilé support alu sur la structure bois, il est nécessaire de laisser une petite marge s’il a besoin de se dilater. Il faut que les choses puissent bouger naturellement, tout en maintenant l’étanchéité… Il aussi possible d’y remédier en ménageant entre les blocs des joints périphériques qui s’emboîtent les uns

 École des Collines, Miribel (26), Design & Architecture (38), Nama Architecture (38). Structure en pisé et bois (poteaux/poutre avec façade-rideau bois sur mesure). Photo : Nama Architecture

Industrialisation

Joints et fixations ne sauraient toutefois tout résoudre. Entre en jeu également le savoir-faire du professionnel du bois. Lequel doit être capable de proposer des solutions pérennes, quelle que soit l’hygrométrie. Il y a, en effet, toujours le risque d’une mauvaise mise en œuvre du bois ou un bois mal séché. Pourtant, même si l’on a peu de recul, il y aurait, selon de nombreux professionnels, moins de soucis en réception de support bois qu’en béton. Et quand il y en a, il est plus facile d’intervenir. Dans tous les cas, ces produits industrialisés, parfaitement maîtrisés, sont accompagnés de prescriptions très précises et le conseil de mise en œuvre du fabricant ne dépasse pas le cadre du système. Le reste concerne le client, censé connaître les règles de l’art, et relève de son entière responsabilité.

Gare de Lorient (56), Jean-Marie Duthilleul, Étienne Tricaud et François Bonnefille, Arep et Gares & Connexions. La façade nord de la gare donnant sur les quais, façade-rideau entièrement vitrée, est composée de profils acier et simple vitrage fixés aux poteaux en lamellé-collé. Photo : SNCF-Arep/Didier Boy de la Tour

Tenue au feu

Côté réglementation incendie, rien n’est simple. S’il y a une réponse attendue sur un chantier, il doit y avoir des tests. C’est l’ensemble qui doit offrir une tenue au feu et non le système de façade-rideau seul. Bien sûr, certains produits répondent aux normes feu, mais la façade qui doit offrir une performance feu doit automatiquement avoir un PV d’essai, de même que les dimensions de l’ouvrage doivent rentrer parfaitement dans le cadre dudit essai. Au moindre élément modifié, tel le vitrage, le PV d’essai n’est plus valable. La performance au feu des systèmes est toujours à entendre hors structure bois.


Recommandations professionnelles façades-rideaux bois/aluminium

Publiées en mars 2021, « les recommandations professionnelles pour la conception, la fabrication et la mise en œuvre de façades-rideaux mixtes bois/aluminium » sont, du point de vue des façadiers, une avancée importante. Les façades-rideaux mixtes bois/aluminium ne font en effet pas partie du domaine traditionnel et ne relèvent pas de la norme DTU 33.1 « Façades-rideaux ». Avec ce texte, les menuisiers peuvent concevoir, fabriquer et poser eux-mêmes ce type de façades-rideaux hors des procédés industrialisés.

Concrètement, les recommandations s’appliquent aux façades légères qui participent au clos et couvert du bâtiment, et assurent un rôle de murs extérieurs, sans contribuer à son contreventement. Deux principes constructifs ont été retenus par les membres du comité de pilotage (UMB-FFB, SNFA, FCBA et CSTB) :

  • Type 1 : feuillure à verre bois, hauteur maximale 6 m et rez-de-chaussée. Ce système, avec sa feuillure à verre bois, est très proche de la conception de la fenêtre mixte bois/aluminium.
  • Type 2 : feuillure métallique et/ou en profilé élastomère, hauteur maximale 9 m et R+1.

Cette conception apporte une esthétique plus métallique. Pour garantir la stabilité dimensionnelle des ouvrages, les éléments en bois ou à base de bois qui constituent l’ossature doivent être en bois massif reconstitué (BMR) ou en bois lamellé-collé (BLC) conformes à la norme NF EN 14080, et bénéficiant d’un collage certifié. Les recommandations professionnelles n’autorisent pas l’usage de bois massif ni de bois massif abouté au sens de la norme NF EN 15497, pour éviter tout risque de déformation.

Cet article est extrait de 5façade n°158 > Découvrir le numéro en intégralité <