Comme chaque année, le SNVBI, Syndicat national des bardages et vêtures isolés, présente les chiffres de la façade ventilée. L’occasion pour 5façades d’un entretien avec son président Stéphane Lambert, par ailleurs responsable BE et normalisation chez Faynot, et Jean-Michel Boulestin, responsable de la prescription nord chez ArcelorMittal Construction France et membre de la commission technique du syndicat.

Jean-Michel Boulestin
Photos : SNBVI
 
 Stéphane Lambert

 

Comment se comporte le marché de la façade ventilée ?

Stéphane Lambert – Il est en dents de scie depuis 2019 pour les raisons que tout le monde connaît : crise sanitaire,  insta­bilité géopolitique. En 2021, nous avions estimé que la baisse en volume pour 2022 serait de -2,6 % ; elle est finalement légèrement plus marquée, avec -4 % en mètres carrés de surfaces réalisées, tandis que le chiffre d’affaires du secteur a progressé de +9,6 % (contre une prévision de +8,8 %). Du côté des accessoires de mise en œuvre des parements, le chiffre d’affaires de la filière sèche est en progression de +13 %. Une tendance moindre en comparaison des +22,5 % de 2021. Ces résultats corroborent la baisse des mètres carrés de parements posés. Cette distorsion entre volume et chiffre d’affaires illustre la situation actuelle : construire, entretenir, rénover coûtent plus cher aujourd’hui. Si l’année de reprise de l’activité post-Covid en 2021 révélait déjà cette tendance avec une hausse du chiffre d’affaires (+11,7 %) plus forte que les surfaces posées (+7,6 %), elle s’expliquait principalement par la hausse des matières premières. En 2022, s’y sont ajoutés les coûts de fonctionnement et de fabrication des industriels par le biais des énergies et du transport notamment.

Comment voyez-vous l’année 2023 ?

SL – L’enquête Unicem laisse entrevoir une reprise de l’activité de l’ordre de +9 % en volume et de +7,7 % en chiffre d’affaires. Cet optimisme est porté par le marché de l’entretien-rénovation, en progression constante bien que modérée. On constate aussi une hausse des autorisations sur la quasi-totalité des secteurs d’activité de l’ITE en filière sèche, depuis le dernier trimestre 2022. Jean-Michel Boulestin – Pour compléter ce que vient de dire Stéphane et ce que nous constatons également, c’est qu’avec la RE2020 les habitudes commencent à changer, notamment en matière de modes constructifs la façade ossature bois (FOB) connaît un développement important. Nos systèmes de revêtements dédiés à la façade ventilée y sont bien adaptés. Un développement que l’on retrouve aussi dans le secteur de la construction neuve qui booste l’activité du parement de façades. Autres sources de croissance : les ERP au sens large. Lors des dernières élections municipales, de nombreux projets avaient été stoppés. Après une période de stagnation, les choses commencent à redémarrer. Le secteur de la rénovation, qui devient un sujet majeur, s’intéresse aussi beaucoup à nos produits. Les bailleurs se les approprient davantage qu’auparavant car beaucoup raisonnent qualité/prix sur le long terme. Cela influe favorablement sur le marché de la façade ventilée. SL – Le marché de l’entretien-rénovation des bâtiments est effectivement l’une des clés des objectifs de décarbonation du secteur. Pour cette raison, le SNBVI, par le biais du GT Qualité Enveloppe du pôle Fibres-Energivie qui a publié son Livre blanc 2023, appelle à mettre tout en œuvre pour que l’enveloppe du bâtiment soit au cœur des actions gouvernementales. Et ce, en massifiant et en orientant les aides vers une priorisation des travaux d’isolation des murs et des couvertures, avant d’envisager les interventions sur les équipements, comme les systèmes de chauffage.

Photo : Sergio Grazia
Photo : Wienerberger

Revenons à la construction neuve, vous avez parlé de la RE2020. Comment se positionnent les procédés de façade ventilée ?

JMB – La plupart des systèmes existants bénéficient de Fiches de données sanitaires et environnementales (FDES) et y répondent sans difficulté. Les industriels font en sorte que leurs produits puissent progressivement se conformer aux différentes étapes prévues par la RE 2020, notamment sur le plan de la décarbonation. Mais il y a aussi ce qu’ils apportent au bâtiment. La filière sèche d’isolation thermique par l’extérieur à de nombreux atouts. Par exemple, les procédés sont à même d’amortir les pics de chaleur. SL – Une étude menée auprès de Pouget Consultants montre que les solutions techniques ITE du SNBVI diminuent jusqu’à 30 % les degrés-heures (DH) par rapport aux autres systèmes constructifs (ITI, solution tout bois…). Neuf ou rénovation, la présence d’une lame d’air ventilée entre l’isolant et le parement permet d’évacuer la chaleur et ralentir l’échauffement des parois.

Si l’on parle design, quelles sont les tendances ?

JMB – On revient à une certaine sobriété. Les couleurs claires sont privilégiées par les architectes. À noter que les industriels ont beaucoup progressé sur les blancs. Auparavant, ils “écrasaient” un peu les façades. Aujourd’hui, il est possible de métalliser les parements, ce qui leur confère davantage de profondeur. Il y a aussi une tendance au sur-mesure, qu’il s’agisse de découpe ou de calepinage. L’industrialisation, qui est en train de se développer, facilite cette approche. D’ailleurs, les systèmes de façades légères sont bien adaptés à la construction hors site parce que le travail en atelier est plus qualitatif et permet de diminuer les contraintes de chantier. Un seul exemple : la pose de l’isolant et des pare-pluie. Ceux-ci ne sont pas toujours mis en œuvre correctement sur les chantiers. Dans un atelier, ce risque devient quasi nul avec le contrôle qualité. Cette méthode présente un intérêt économique, dans la mesure où les façades sont posées deux à quatre fois plus vite, en neuf comme en rénovation. Ce qui présente un bel atout dans la course à l’éradication des passoires thermiques. SL – Nous constatons également diverses évolutions au niveau des modes constructifs. Exemple : on constate pour des parements à pose verticale une tendance à s’affranchir des doubles réseaux en orientant directement l’ossature du bardage rapporté à l’horizontale. Cela a un impact positif sur le bilan carbone de la façade et sur son coût de revient.

Propos recueillis par Stéphane Miget

Créé en juin 2013, le Syndicat national des bardages et vêtures isolés (SNBVI) réunit des industriels parmi les plus influents du marché du bardage, de la vêture et de l’isolation thermique par l’extérieur. Il se positionne comme un laboratoire d’idées et d’innovations auprès des institutionnels, prescripteurs, entreprises et maîtres d’ouvrage.

Cet article est extrait du magazine 5Façades 161 disponible sur Calameo.