Naturels ou mécaniques, les systèmes de désenfumage en façade et couverture des bâtiments cumulent les fonctions. Par exemple, l’éclairage naturel et la ventilation. Une conception à prévoir en intégrant les nombreuses contraintes réglementaires. Les fumées sont la cause principale de décès lors d’un incendie. Les évacuer vers l’extérieur le plus rapidement possible est donc vital. C’est la fonction dévolue aux systèmes de désenfumage. Appelés « Dispositif d’évacuation naturelle de fumée et de chaleur (DENFC) », ils remplissent trois missions : rendre praticables les circulations pour l’évacuation ; faciliter l’accès des secours ; maintenir un taux d’oxygène correct dans les locaux, le temps de l’évacuation.

Le désenfumage peut être naturel ou mécanique, les deux méthodes étant combinables en fonction des locaux : naturel/naturel, naturel/mécanique, mécanique/ naturel et mécanique/mécanique. En effet, les exigences, et donc les matériels, ne seront pas les mêmes selon qu’il s’agit de désenfumer une gare, une cage d’escaliers ou encore un IGH. Il existe, par exemple, une grande diversité d’exutoires : à vantaux pour les toitures à faible pente, avec des lames à commande mécanique, pneumatique ou électrique ; ou encore des ouvrants de façade. Ces deux systèmes étant eux-mêmes liés à deux grands principes de désenfumage : balayage de l’espace sinistré par de l’air neuf pour faciliter l’extraction des fumées et mise en dépression du local sinistré. 

 

En façade, il n’existe pas de système unique, mais plusieurs matériels adaptés au cas par cas selon la configuration des locaux à désenfumer et à ventiler.
Photo : Souchier

Réglementation complexe

La réglementation relative au désenfumage diffère selon l’utilisation et la fréquentation du bâtiment. Il y a lieu de distinguer les obligations légales – règlement de sécurité dans les ERP, Code du travail, Code de la construction… – et les règles d’ordre privé (Apsad R17) qui relèvent d’un accord spécifique entre les parties. Première chose : le marquage des produits. L’arrêté des ministères de l’Équipement et de l’Industrie, datant du 2 juillet 2004 et publié au J.O. du 5 août 2004, rend obligatoire le marquage CE des DENFC. Ces derniers, toiture et façade, sont couverts par la norme NF EN 12 101-2. Le marquage CE renseigne sur les performances et la qualité du DENFC. En revanche, il n’apporte pas la garantie de la capacité de ces appareils à s’intégrer dans le SSI (Système de sécurité incendie) régi par la NF S 61 937-1. C’est au fabricant de prouver cette capacité, comme l’y oblige la réglementation ERP, avec les essais correspondants pour les exutoires et des PV d’essais pour les ouvrants en façade dans le cadre du marquage NF.

Les exutoires peuvent avoir une triple fonction : désenfumage, apport de lumière naturelle et ventilation.
Photo : Bluetek

Toiture ou façade, des systèmes différents et complémentaires

Avec leur positionnement idéal sur le toit des bâtiments, les lanterneaux et exutoires dédiés au désenfumage sont les premiers d’entre eux. Apportant l’indispensable lumière naturelle à l’intérieur des bâtiments, ils jouent également un rôle important dans le renouvellement d’air, la ventilation naturelle. Ces dispositifs permettent de réaliser de 30 à 60 % d’économies d’énergie (éclairage et chauffage), dès lors qu’ils apportent un seuil minimal de 300 lux d’éclairage naturel pendant 50 % du temps d’utilisation du bâtiment, selon le GIF (Groupement des fabricants et fabricants-installateurs de matériel coupe-feu et d’évacuation des fumées). En façade, la principale contrainte consiste à intégrer les ouvrants de désenfumage dans un projet architectural avec des produits réglementaires. D’autant plus si l’ouvrant doit remplir une double fonction, ventilation naturelle et désenfumage.

Dans ce cas, il convient d’utiliser des châssis et des coffrets adaptés, qui permettent de ventiler selon un paramétrage défini à l’avance mais qui garde la priorité au risque. Ainsi le pilotage électrique des ouvrants de confort doit pouvoir s’effacer devant l’urgence, en cas d’incendie. Les châssis de désenfumage disposent généralement d’un moteur plus imposant, permettant d’ouvrir en grand et rapidement, alors qu’en ventilation naturelle, ce même moteur ouvrira, à vitesse normale, partiellement ou en grand.

 Avec la maintenance prédictive, tous les éléments d’une installation – sprinkler, détecteur, écran de cantonnement, ouverture en façade, lanterneaux – peuvent être surveillés et analysés.
Photo : Kingspan

Nouveau labo dédié

Le groupe Adexi, acteur de la sécurité incendie et de l’optimisation énergétique des bâtiments à travers ses filiales Bluetek, Souchier-Boullet et Tellier brise-soleil, a investi plus de 2,5 millions d’euros dans un outil de mesure pour les services R&D de ces dernières. Doté d’une instrumentation scientifique, le « Labo », construit sur le site de 500 m2 de Bluetek à Luynes (37), est dédié à la gestion énergétique et à l’amélioration du confort d’été. Les produits de ses filiales, réunis au sein de Genatis, marque du groupe, y seront testés en situation réelle au sein du bâtiment. La structure de ce dernier a été pensée pour pouvoir réaliser au quotidien des essais : les deux volumes intérieurs sont séparés par une cloison amovible pour s’adapter, si besoin, à des mesures de plus grande envergure, tandis que les murs extérieurs modulables, ses façades vitrées, ainsi que son toit-terrasse, sont en partie démontables. En outre, le bâtiment accueille une équipe technique chargée de programmer, piloter et collecter les résultats des tests à l’aide d’outils numériques de dernière génération. Par exemple, les ingénieurs seront amenés à utiliser la Box de supervision de Souchier-Boullet pour évaluer le bon fonctionnement d’une nouvelle solution de rafraîchisseurs adiabatiques, tout en mesurant ses performances au moyen de capteurs de précision. L’équipe technique pourra également recaler les simulations réalisées en les comparant aux mesures de laboratoire, que lesdites simulations aient été effectuées avec des logiciels courants ou plus pointus, comme ceux édités par le CSTB.

Maintenance prédictive

L’obligation de résultat est de rigueur pour le fonctionnement des installations de sécurité incendie. Pour prévenir les pannes, la maintenance prédictive se développe, comme avec les ascenseurs. Celle-ci consiste à connecter l’ensemble des objets pour en suivre en direct le fonctionnement. Les outils développés exploitent l’intelligence importée dans les systèmes en surveillance. Elle vise à déterminer les facteurs de défaillance, à analyser l’évolution des installations et à diagnostiquer les besoins. Cela peut se concevoir dès la conception avec des solutions « bimisées », qui intègrent dans la maquette numérique les données essentielles et permettent ainsi leur suivi en exploitation. Avec, comme maître mot, l’anticipation.

Cet article est extrait du magazine 5Façades 161 disponible sur Calameo.