Applicable depuis le 1er janvier 2022, la RE 2020 impose une optimisation des performances des parois vitrées, afin de contribuer à l’atteinte des seuils réglementaires. Commence alors un jeu d’équilibriste entre les différents indicateurs. Et dans ce jeu, les coulissants, correctement mis en œuvre, peuvent apporter une réponse positive pour optimiser les performances d’une construction neuve.

Coulissants et RE 2020 ? Inutile de faire durer le suspense : à l’Ouest, rien de nouveau. « La nouvelle réglementation environnementale ne fait pas de distinction entre les différentes menuiseries devant être installées dans un bâtiment neuf », indique Lucilia Kouamé, responsable marketing chez Wicona. Peu importe qu’il s’agisse de fenêtres à frappe ou de coulissants, ce sont les indicateurs qui donnent le tempo. Nicolas Loppin, délégué technique du SNFA, l’organisation professionnelle des concepteurs, fabricants et installateurs de menuiseries extérieures en profilés aluminium et cloisons démontables et mobiles, travaille à l’élaboration d’un document de réponses à la RE 2020 concernant la paroi vitrée. Il explique : « Certains indicateurs réglementaires de la RE 2020 sont plus sensibles à la paroi vitrée, tous modèles confondus. » Une paroi vitrée est identifiée à travers trois indicateurs énergétiques. À savoir : le coefficient d’isolation (Uw) qui correspond à la capacité d’une fenêtre à conserver la chaleur à l’intérieur ; le facteur solaire (Sw) qui définit la capacité d’une fenêtre à faire pénétrer à l’intérieur les apports solaires en hiver et à s’en protéger en été ; la transmission lumineuse (TLw), soit la capacité d’une fenêtre à transmettre le rayonnement lumineux. Toutes les parois vitrées sans exception reposent sur ces trois indicateurs énergétiques.

 Wicona a développé une fenêtre hybride Wicline 90 SG, qui regroupe les avantages d’un coulissant et ceux d’une fenêtre à frappe. Soit un faible encombrement et de bonnes performances (Uw de 0,8).
Photo : Wicona

Apports calorifiques gratuits

Installer un coulissant présente donc certains avantages dans le cadre d’une construction neuve. « Lorsqu’il est question d’une fenêtre, il ne faut pas se baser uniquement sur des critères d’isolation et de confort d’été, qui sont le cœur même de la RE 2020. Car si l’on suit ce raisonnement, la meilleure fenêtre est un mur », rappelle Nicolas Loppin. Doit être prise en considération la capacité d’apports calorifiques gratuits dans le logement (Sw). Un argument d’autant plus important dans le logement où le chauffage constitue le premier poste de consommation (40 à 70 %). Contrairement au tertiaire, où le premier poste de consommation est l’éclairage, et où il faudra donc privilégier le facteur de transmission lumineuse (TLw). De par ses caractéristiques intrinsèques, le coulissant est à priori tout à fait pertinent dans ces deux cas de figure.

 Baie coulissante 3 rails de K-Line. L’accent est mis sur les performances thermiques (Uw 1,4 W/m2.K), l’apport solaire (TLw 70 %) et la lumière naturelle (Scw 0,56).
Photo : K-Line

Au même titre que la RT 2012, la RE 2020 pour les bâtiments d’habitation exige que 1/6 minimum de la surface habitable soit transposé en paroi vitrée. Des simulations réalisées par le SNFA montrent que, pour toute construction neuve, les surfaces vitrées doivent de préférence être implantées en fonction de leur orientation et de la zone climatique et en majorité au sud. Soit, par exemple : si on met 40 % des 1/6 sur les façades orientées sud dans les régions sud, alors il faudra en mettre au moins 50 % au sud dans les régions nord. Afin de mettre en application ces exigences, « le coulissant a toute sa place, car il permet de très grandes dimensions, très fines et donc d’avoir le meilleur facteur solaire en hiver pour les économies de chauffage (plus les cadres sont fins, meilleur sera le facteur solaire (Sw)), une protection solaire et une ouverture sur l’extérieur », explique Nicolas Loppin. Et ce, afin d’« avoir les meilleurs facteur solaire (Sw) et coefficient d’isolation (Uw) suivant que l’on est au nord ou au sud ».

 SlimPatio 68 de Reynaers. Ses dormants cachés et son seuil encastré, pour une surface vitrée de 90 % contre 10 % de masses vues aluminium (les 34 mm de la chicane centrale).
Doc. : Reynaers
 Un seuil accessible PMR ne doit pas dépasser un ressaut d’un maximum de 20 mm. Baie à galandage SWAO.
Photo : SWAO

Quid du confort d’été

Les choses sont un peu différentes lorsqu’il est question de confort d’été. Cette notion, exprimée en degrés-heures (DH), constitue une nouveauté de la RE 2020. Dans sa définition, le nombre de degrés-heures d’inconfort estival exprime la durée et l’intensité des périodes d’inconfort dans le bâtiment sur une année. La RE 2020 estime que le bâtiment est inconfortable lorsque sa température intérieure dépasse le seuil de 28 °C le jour et 26 °C la nuit. Et, en matière d’inconfort d’été, les grandes dimensions jouent à priori en défaveur des coulissants. Nicolas Loppin revient sur cette idée reçue et plaide plutôt pour une maîtrise du facteur solaire (Sw) en été. Dans le cadre de la RE 2020, une paroi vitrée doit impérativement être associée à une protection solaire amovible manuelle, motorisée ou automatique. Et notre interlocuteur d’ajouter que les modèles automatiques sont nettement plus performants que leurs homologues manuels ou motorisés, car dépendants de capteurs et non de l’humain et de ses possibles erreurs de jugement. À noter toutefois que ces protections solaires motorisées, si elles apportent une maîtrise du facteur solaire été comme hiver, peuvent avoir un impact important sur l’indice carbone (IC) construction – ce dernier correspondant à l’impact carbone des composants du bâtiment sur le changement climatique. Ce qui est désormais admis avec la RE 2020, c’est que toute option visant à favoriser l’amélioration d’un indicateur pour un composant peut être limitée par l’impact sur l’IC construction.

 

 Artline XL Rif de Sapa. Se caractérise par son épure avec un dormant de 150 mm, des hauteurs d’encadrement inférieur réduites ou encore des dispositifs de verrouillage de 26 mm. Le tout combiné à de grands vitrages de 3,50 m et jusqu’à 4 m de largeur.
Photo : Sapa

Perméabilité à l’air

Réduire les consommations d’énergie, c’est aussi assurer une bonne perméabilité à l’air. Car celle-ci impacte directement le Bbio, soit le besoin bioclimatique conventionnel en énergie d’un bâtiment pour le chauffage, le refroidissement et l’éclairage artificiel. Les exigences de la RE 2020 concernant la perméabilité à l’air de l’enveloppe sous 4 Pa sont les mêmes que la RT 2012, soit 0,6 et 1 m3/(h.m2) pour l’habitation. Concernant les coulissants, leur performance de perméabilité à l’air est évaluée conventionnellement en laboratoire comme toutes les autres fenêtres qui sont classées de A1 à A4 (A4 étant la meilleure, ndlr) et correspondant à un débit d’air maximum sous une pression de 100 Pa. « Les coulissants sont généralement classés A3 ou A4, ce qui correspond respectivement à un débit de 1,05 m3/(h.m2) et 0,35 m3/(h.m2) sous 4 Pa. Ceci considéré dans le cadre du 1/6, il devient évident que les coulissants répondent parfaitement aux exigences de la RE 2020. » Plus réservé sur la question, Fabrice Triaes, directeur technique de Wicona, estime de toute façon qu’un coulissant, de par sa conception, ne peut pas garantir les meilleures performances en termes de perméabilité : « On ne peut pas intégrer un coulissant traditionnel en bord de mer plein vent, sa capacité de drainage est par exemple bien plus faible qu’une fenêtre à frappe. » Encore une fois, tout est question d’équilibre.

Lucien Brenet

Coulissants et accès

PMR Afin de garantir l’accessibilité PMR, la loi exige un ressaut d’un maximum de 20 mm. Pour aller plus loin, le ministère de l’Écologie et le CSTB ont élaboré un carnet de détails sobrement intitulé Carnet de détails pour l’accessibilité des balcons, des loggias et des terrasses dans les constructions neuves. Afin que les pieds, roues, cannes ne se coincent pas dans les rails des coulissants, ce carnet préconise de ne pas dépasser 18 mm de large. « Si la largeur est inférieure à 18 mm, il n’y a pas d’exigence de profondeur. Mais si la largeur est supérieure à 18 mm, il faudra alors limiter la profondeur à 15 mm », détaille Nicolas Loppin. À bon entendeur.

Cet article est extrait du magazine 5Façades 159 disponible en intégralité sur Calameo.