La singularité de ce pôle sportif et nautique tient à son caractère multifonctionnel et à l’installation de la halle aux bassins au premier étage qui met à l’abri des regards les baigneurs, tout en créant un belvédère ouvert sur la ville. Bien repérable, sa toiture organique et monumentale, en forme de coquille Saint-Jacques géante, lui octroie une identité forte.

À proximité de la gare et du tramway, le pôle sportif et nautique s’insère dans un nouveau quartier de Reims et s’ouvre sur la ville, sa façade principale vitrée étant surmontée d’une toiture ondulante. Photo : Erieta Attali

Situé à l’articulation entre le centre-ville de Reims (51) et les faubourgs, le complexe aqualudique UCPA Sport Station Grand Reims participe au développement urbain des friches ferroviaires liées à la proximité de la gare. Projeté par l’architecte et urbaniste François Leclercq, le quartier Reims Grand Centre et la ZAC Sernam-Boulingrin accueillent ce complexe, ainsi que la salle Reims Arena, bâtie en partie arrière en 2022 par l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Réalisé en 2021 par l’architecte Marc Mimram, cet équipement singulier propose un panel élargi d’activités, en réunissant sur un même site des espaces de loisirs, une piscine, une patinoire, un centre de bien-être et des commerces. « Le caractère urbain de l’équipement est une condition importante de son développement architectural. Il s’agit d’offrir un ouvrage qui préserve l’aspect privé de la pratique aquatique, sans limiter les plaisirs des lumières associés aux plaisirs de l’eau », explique l’architecte Marc Mimram. Cette volonté d’ouvrir cet édifice sur la ville a guidé la conception et l’organisation spatiale du lieu, où la piscine et ses bassins occupent le premier étage. Ce dispositif assez rare permet de gommer toute vision directe sur la rue, et d’éviter l’excavation risquant de découvrir des vestiges romains, fréquents dans cette cité. Donnant sur un parvis urbain, l’équipement public compte quatre niveaux, dont un sous-sol logeant deux terrains de padel et quatre de squash, un club-house, et des vestiaires et sanitaires.

MIXITÉ DE FONCTIONS

Au rez-de-chaussée, l’entrée orientée vers l’est mène à un hall d’accueil à triple hauteur qui, doté d’un café-snack, distribue la patinoire intérieure alliée à un chemin de glace extérieur, ainsi qu’un local de dépôt de patins et un bar de piste. Il dessert également les étages, à l’aide d’un escalier et d’un ascenseur placés en façade et éclairés naturellement. Dévolu au bain et au bien-être, le premier étage abrite quatre bassins en inox, avec, en partie centrale, le bassin sportif et olympique de dix couloirs (50 x 25 m) et le bassin d’apprentissage, pourvus de tribunes destinées à 1 500 spectateurs. Au nord, prennent place un bassin ludique (250 m2) et un autre de bien-être adulte, ainsi qu’une aire de jeux d’enfants, et des blocs de vestiaires et sanitaires collectifs et individuels. Viennent s’ajouter un centre de remise en forme équipé de saunas, jacuzzis et hammams, une salle de relaxation et un espace de fitness. À l’extérieur, se déploient un toboggan, un bassin nordique de 50 m, un pentagliss, un solarium et des plages. Le second étage regroupe, dans son aile est, des espaces de coworking (espaces de travail partagés), des gradins, des bureaux, et des vestiaires et sanitaires. Côté ossature, le socle de l’édifice se compose de poteaux, poutres et dalles en béton coulé en place. Concernant l’enveloppe atypique du bâtiment, sa toiture spectaculaire, d’un seul tenant, aligne une série de grandes palmes en charpente acier qui ondulent et vrillent à la fois.

Coiffe en acier ondoyante et parure texturez
À l’angle sud-est de l’édifice, la façade sud affiche un mur-rideau protégé par un auvent, alors que la façade orientée vers l’est, longeant le boulevard Jules-César, présente un socle vitré intégrant l’entrée et un premier étage paré de bardeaux de céramique. Photo : Erieta Attali
Orientée plein sud, la façade principale est rythmée par un mur-rideau en verre extérieur collé (VEC), surmonté d’un auvent, supporté par une colonnade de dix doubles poteaux en acier, de soutien de la toiture. Photo : Erieta Attali
La façade principale sud à triple hauteur est dotée d’un mur-rideau en VEC, protégé des rayons solaires et des intempéries par un auvent paré en sous-face d’un lattis en bois et issu du prolongement des poutres acier du toit. Photo : Erieta Attali
Couverte d’une imposante toiture plissée, la halle aux bassins s’accompagne d’une aile orientée vers l’est en retour qui loge divers locaux et se coiffe d’un toit-terrasse recevant des panneaux solaires, voués à la production d’eau chaude. Photo : Erieta Attali
 Déployé au premier étage, le volume d’envergure de la piscine est chapeauté d’une toiture exubérante, formée de mégapoutres acier en forme de vagues, dont la portée varie de 70 à 90 m. Photo : Erieta Attali
Au centre de la halle aux bassins, le bassin olympique (50 x 25 m) revêtu d’inox profite du vaste volume coiffé d’un toit à ondes d’acier dotées de lattis en bois. Il est équipé de gradins en béton prêts à accueillir des spectateurs. Photo : Erieta Attali

 

MONTAGE ADAPTÉ DES POUTRES ACIER

La charpente métallique de l’ouvrage, à courbures multiples, compte sept mégapoutres en acier qui n’ont pas été préfabriquées par tronçons en atelier et acheminées sur site, à cause de leurs dimensions hors normes. D’où le choix d’un montage sur le chantier, où les diverses pièces des fermes ont été livrées in situ et assemblées, à l’aide de gabarits, sur les plages du premier étage. De 70 à 90 m de portée, chaque poutre a été reconstituée, avec des profils standard et sur des supports provisoires, suivant une géométrie pointue. La ferme complète a alors été hissée, au

Principe géométrique d’une poutre type. Doc. : Marc Mimram Architecture Ingénierie

moyen de deux grues mobiles positionnées à ses extrémités, puis fixée sur des doubles poteaux en acier mis en place au nord et au sud de la halle. Ensuite, la pose d’une ossature secondaire en tubes d’aluminium enrobant les profils a permis de fixer, en partie basse, le lattis bois et, en partie haute, le bac acier, les coussins en ETFE et la membrane PVC.

DES BARDEAUX DE CÉRAMIQUE SUR MESURE

Certaines façades opaques du bâtiment sont habillées d’un bardage particulier formé de bardeaux de céramique fabriqués sur mesure et assemblant plusieurs éléments extrudés de formes différentes et de trois teintes terre. Les modules de bardeaux de deux tailles mesurent 34 cm de large et 95 cm ou 165 cm de long. Chaque panneau vertical (ép.10 cm) a été mis en place dans un sens, puis dans l’autre, et apposé sur une couche d’isolant (ép.15 cm), via une ossature 

Coupe sur une poutre acier. Doc. : Marc Mimram Architecture Ingénierie

métallique ancrée au voile en béton armé (ép.18 cm). Les découpes de ces modules, réalisées in situ, ont été anticipées pour s’adapter aux cas particuliers relatifs aux angles et aux baies. Devant les ouvertures, ce bardage compte des tubes carrés filtrant la lumière. Ce système, texturé et non uniforme, anime chaque façade.


 

UNE 5e FAÇADE À GÉOMÉTRIE VARIABLE

L’architecte définit cette 5e façade comme « un ensemble continu d’une très grande portée de 85 m, dénué de points d’appui intermédiaires. Son immense couverture varie en fonction des lumières et des lieux qu’elle éclaire. Signature de l’équipement, cette grande toiture plissée constitue l’identité du bâtiment. » Composée d’ondes plus grandes et hautes aux extrémités, cette toiture ondulante à double courbure prend une forme régulière au-dessus du bassin d’entraînement, afin de « laisser pénétrer la lumière dans le volume, de façon homogène. Entre les ondes, la trame a été déchirée pour faire surgir la lumière », précise-t-il. Pour franchir les bassins dans le sens nord-sud de la halle, sept mégapoutres treillis en acier toutes différentes – d’une portée comprise entre 70 et 90 m et espacées de 8,60 m – ont été mises en œuvre. Apport de lumière zénithale oblige, les vides entre les fermes sont dotés de coussins gonflables blancs en ETFE (Éthylène tétrafluoroéthylène) qui épousent la géométrie tortueuse du toit, lequel est couvert d’une membrane d’étanchéité en PVC blanc. Les sous-faces visibles des palmes sont revêtues d’un lattis en bois qui, laissant transparaître les poutres acier et participant à l’absorption acoustique du lieu, se prolonge en façade sud pour créer un « ciel de péristyle », soutenu par une colonnade formée de dix doubles poteaux en acier, positionnés à l’extérieur, en façade sud.

MATÉRIAUX TEXTURÉS EN FAÇADE

Cet ample auvent protège du soleil et des intempéries cette façade entièrement vitrée (mur-rideau en verre extérieur collé/VEC) qui inonde de lumière naturelle le volume interne, tout en opérant une liaison avec l’espace public. « Le verre est omniprésent, afin d’apporter le maximum de lumière naturelle jusque dans les zones les plus profondes de cet édifice sportif aux dimensions exceptionnelles », ajoute l’architecte. En contrepoint de cette transparence, des façades opaques, se rapportant à des espaces plus intimes ou de travail, et à des zones techniques, ont été mises en œuvre, au moyen de deux types de matériaux texturés. Les façades des parties techniques du rez-de-chaussée sont réalisées en béton matricé (coulé en place) à nervures verticales de ton gris « en harmonie avec les teintes de la ville », qui marque le socle. Sur celui-ci, les façades en étage se parent de bardeaux de céramique extrudés qui, posés verticalement, offrent des variations de textures et de teintes, les trois couleurs alternant avec les éléments émaillés, présents à 15 %. Ce bardage vivant, qui habille également la façade orientée vers l’est bordant le boulevard Jules-César, donne la « cadence de grands tableaux cinétiques. » À noter que ce projet à la géométrie compliquée a été modélisé en BIM (Building Information Modeling).

Carol Maillard

Photo : Hannah Assouline

MARC MIMRAM, ARCHITECTE

« Le nouvel équipement a été ordonné sur le socle technique pour préserver l’intimité des nageurs, tout en ouvrant des perspectives urbaines, depuis la halle des bassins. »

« Le centre aqualudique de Reims s’inscrit dans le développement urbain de la reconquête des rives ferroviaires qui, depuis la gare et les hautes promenades jusqu’au boulevard Jules-César, ouvre sur la ville au nord. Proche des infrastructures, ouvert sur les territoires en mutation, il s’agit ici d’un fait urbain contemporain, fort et déterminant, qui place le nouvel équipement sportif en charnière entre les quartiers du centre et les 

transformations urbaines importantes en cours. Nous avons souhaité donner une lecture généreuse de l’ensemble sportif, visible et accueillant. Le nouvel équipement a été ordonné sur le socle technique pour préserver l’intimité des nageurs, tout en offrant des perspectives urbaines, depuis la halle des bassins. La présence végétale se trouve tant par des plantations en pleine terre que par la présence arborée dans la halle des bassins. Entre urbanité et végétation, l’édifice public prend place délibérément dans le développement en cours. »


CONSTRUCTION DU CENTRE AQUALUDIQUE UCPA SPORT STATION GRAND REIMS À REIMS (51)

  • Maîtrise d’ouvrage : Reims Métropole-Partenariat Public Privé-Adim Est groupe Vinci-Dalkia-UCPA
  • Maîtrise d’œuvre : Marc Mimram Architecture et Associés, Marc Mimram Ingénierie, BET Egis Bâtiment Grand Est
  • Entreprise générale : Vinci Construction et ses filiales GTM Hallé (mandataire), Sogea Picardie et Sotram ; avec EDF Optimal Solutions, comme sous-traitant pour les fluides
  • Surface : 11 450 m2
  • Coût des travaux : 37,9 M€ HT

 

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