Les indicateurs de la RE 2020

Entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2022, la RE2020 se veut plus large, plus ambitieuse et plus exigeante que la réglementation thermique 2012. Elle est divisée en trois volets : un volet énergétique, un autre relatif aux émissions carbone et un dernier au confort. Chacun de ces grands axes se caractérise par un certain nombre d’indicateurs spécifiques. Les volets énergétique et carbone ont été traités dans les numéros précédents, en regardant respectivement le Bbio et l’IC construction. Lors d’une mission passée auprès du bureau d’études thermiques Pouget Consultants, le SNBVI a étudié un bâtiment de logements collectifs, dont les principales caractéristiques sont données à la figure 1.

Figure 1 – Caractéristiques principales du bâtiment étudié

  • Bâtiment R + 4

  • 1 887 m² SHAB

  • 17,5 % de surface vitrée/SHAB

  • Menuiseries PVC et occultations volets roulants non motorisés

  • Planchers et refends béton • Inertie « très lourde »

  • Prise en compte de l’ensemble des ponts thermiques liés aux pattes-équerres, retour de tableaux, refends…

  • Toiture-terrasse isolée sous étanchéité + gravier

Le nouvel indicateur confort

L’indicateur TIC (Température intérieure conventionnelle) de la RT2012 laisse place aux degrés-heures (DH), plus précis, permettant à la fois de considérer l’intensité des inconforts et leurs durées. L’une des principales évolutions réside dans l’intégration d’une séquence caniculaire basée sur les données météorologiques, qui intègrent notamment la canicule de 2003 (figure 2). Cet indicateur représente la somme des inconforts sur l’année, matérialisée par le produit des heures de dépassement des températures références de nuit (26 °C) et de journée (28 °C) à l’intérieur du bâtiment. Le bâtiment est analysé heure par heure sur l’année, via le moteur de calcul du bureau d’études thermiques. Trois cas peuvent être rencontrés, comme le montre la figure 3. Si les cas extrêmes sont clairs, il faut noter qu’entre 350 et 1 250 DH, le projet est jugé réglementaire mais inconfortable : des besoins de froid et des consommations de froid sont ainsi ajoutés respectivement au Bbio et aux Cep et Cep,nr, ce qui pénalise le projet.

Figure 2 – Exemple de séquence caniculaire sur le scénario conventionnel Source : DHUP – Septembre 2021
Figure 3 – Définition des limites de l’indicateur DH

L’ITE et l’impact sur le confort

L’inconfort est étroitement lié à la capacité de la construction à retarder ou non la diffusion de la chaleur extérieure. En ce sens, il est important de considérer l’inertie des systèmes constructifs mis en œuvre. Dans la RE2020 (comme dans la RT2012), quatre classes d’inertie du bâtiment existent : légère, moyenne, lourde et très lourde (tableau 1). Le choix du mode constructif en façade, en structure et en système d’isolation revêt une importance significative, tant en neuf qu’en rénovation. En général, l’utilisation d’une ITE sur un mur maçonné/béton permet de faire gagner une classe d’inertie par rapport à l’utilisation d’une ITI, modèle constructif très représenté notamment en neuf. Tous ces choix ont un impact direct sur le DH d’inconfort (figure 4). Plus la classe d’inertie du bâtiment s’alourdit, plus la diminution de l’indice DH est grande : jusqu’à 33 % de gain en DH pour une façade béton + ITE, par rapport à une solution 100 % structure bois, ont été relevés sur le bâtiment étudié. Ce gain en DH peut influencer positivement le Bbio : par exemple, une baisse de l’ordre de 1,3 point Bbio pour une baisse de 200 DH sur le bâtiment étudié en zone H3. Bien que l’enjeu paraisse moins élevé pour le nord de la France que pour le sud, il n’en reste pas moins que toute construction doit considérer cet inconfort face à la chaleur, car la limite de 350 DH est contraignante.

Figure 4 – Degrés-heures d’inconfort selon la classe d’inertie

  • Zone H1a (nord) et zone traversante
  • Zone H1a (nord) et zone non traversante
  • Zone H3 (sud) et zone traversante
  • Zone H3 (sud) et zone non traversante
  • Traversant : chaque orientation de façade comprend moins de 75 % de la surface totale des baies du logement.

 

Tableau 1

En conclusion, les solutions ITE du SNBVI sont particulièrement pertinentes pour lutter contre l’inconfort d’été, puisqu’elles réduisent les DH de 20 % en moyenne sur l’ensemble du territoire, par rapport à d’autres systèmes constructifs. Cependant, les disparités régionales font que, malgré cette réduction de DH, la construction devrait intégrer, notamment dans le Sud (exemple de la zone H3), des améliorations dites « passives » (orientation et inclinaison des baies, inertie, logements traversants, brasseurs d’air, gestion des occultations, ratio d’ouverture des baies, volet perméable, etc.).

 

Cet article est extrait du numéro 155 de 5façades à retrouver sur Calameo