Le Syndicat national des bardages et vêtures isolés (SNBVI) propose d’explorer la problématique sismique autour des procédés de bardage rapporté. Cette facette de la réglementation, bien que connue, reste une partie dense des évaluations exigées dans le cadre de la mise en œuvre sur chantier des isolations thermiques par l’extérieur (ITE) en filière sèche. Par le biais d’une série d’articles, le SNBVI va apporter une analyse détaillée de la réglementation en vigueur, va décrypter comment les bardages rapportés sont évalués face aux exigences parasismiques et quelles sont les dispositions constructives courantes permettant à cette partie d’ouvrage de limiter les désordres en cas de séisme.

LA RÉGLEMENTATION AU SERVICE DE LA PRÉVENTION DU RISQUE SISMIQUE

Toute la France est en zone sismique

Même si l’on a tendance à l’oublier, le risque sismique est bien présent en France. Et son encadrement fait l’objet d’une réglementation depuis plus de trente ans. Elle s’appuie sur un ensemble de textes normatifs comme la NF EN 1998-1 (Eurocode 8) et d’outils législatifs comme des décrets et arrêtés spécifiques. L’objectif de cette réglementation est bien d’établir les règles permettant de prévenir le risque sismique dans le domaine de la construction sur le territoire français. La France, par le biais du décret no 2010-1255 du 22 octobre 2010, est délimitée par commune en cinq zones de sismicité de « très faible » à « forte ». La figure 1 met en avant le zonage principal des zones de sismicité.

 Fig. 1 Carte des zones de sismicité françaises.
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

Le bâtiment : un maillon essentiel du dispositif de prévention du risque

Toutes les constructions en France se trouvent concernées par la réglementation sismique. Ainsi, les ouvrages sont classés selon deux types :

  • Les ouvrages à risque normal défini dans l’arrêté du 22 octobre 2010
  • Les ouvrages à risque spécial défini dans l’arrêté du 24 janvier 2011

 

Fig. 2 Règles de construction selon la zone de sismicité et la catégorie d’importance du bâtiment.
Doc. : SNBVI

À l’opposé de la notion de « risque spécial », les ouvrages à « risque normal » se définissent par le fait que les conséquences d’un séisme restent circonscrites aux occupants, aux usagers et au voisinage immédiat. C’est dans ce type d’ouvrage que se situent les bâtiments, à l’instar des ponts et équipements. Les bâtiments regroupent une diversité importante de par leurs usages, destinations, tailles, importances stratégiques… Ainsi, l’arrêté du 22 octobre 2010 définit spécifiquement comment classer les bâtiments : il caractérise quatre catégories d’importance, qui, en simplifiant au possible, vont d’une faible activité humaine à une occupation importante, mais aussi à une obligation impérieuse de fonctionnement même après un séisme. Ces définitions sont applicables à toutes les constructions neuves, mais également aux bâtiments existants sous certaines conditions et notamment l’obligation de ne pas aggraver sa vulnérabilité vis-à-vis du séisme. Il est important de noter que la catégorie d’importance d’un bâtiment à considérer est celle qui résulte du classement après travaux ou changement de destination. Les zones de sismicité et les catégories d’importance des bâtiments étant définies, l’arrêté fixe également pour chaque combinaison les règles de construction à suivre pour justifier le bon comportement au séisme (fig. 2).

Fig. 3 Éléments non structuraux du bâtiment.
Doc. : Plaquette C-PRIM – Renforcement parasismique des éléments non structuraux

Les éléments non structuraux ont un guide parasismique

En dehors des règles de simplification, le bâtiment doit suivre les exigences données dans l’Eurocode 8. Seulement, un bâtiment reste un ensemble complexe composé de fondations, de structures ou encore d’enveloppes de couverture, de bardage et d’équipements. Même si l’EC 8 considère chaque élément au regard du risque sismique, il y est fait la distinction entre les éléments structuraux et non structuraux. Ainsi, en complément, les éléments non structuraux font l’objet d’un guide de dimensionnement parasismique des éléments non structuraux du cadre bâti, dit « Guide ENS ». Le but de ce guide est d’expliciter plus particulièrement les exigences applicables aux éléments non structuraux, afin de proposer une méthode simplifiée pour justifier le comportement vis-à-vis du séisme. En effet, les ENS ne participent pas en eux-mêmes au non-effondrement « sismique » du bâtiment. Cependant, la prévention du risque sismique exige, également, que les ENS limitent les dommages corporels ou encore ne gênent pas l’évacuation des personnes ou l’accès des secours. La figure 3 met en avant quelques distinctions non exhaustives au sein du bâti entre les éléments structuraux et non structuraux. Les solutions d’ITE en filière sèche font donc partie des ENS du bâti. Ainsi, les bardages rapportés doivent être évalués vis-à-vis du risque sismique. Cette évaluation ne concerne pas que le parement, mais bel et bien l’ensemble des constituants des procédés de bardage (parement et ses fixations, ossature secondaire, patte-équerre et son ancrage au support, etc.).

Cet article est extrait du magazine 5Façades 165 disponible sur Calameo.