Le Syndicat national des bardages et vêtures isolés (SNBVI) propose d’explorer la problématique sismique autour des procédés de bardage rapporté. Cette facette de la réglementation, bien que connue, reste une partie dense des évaluations exigées dans le cadre de la mise en œuvre sur chantier des isolations thermiques par l’extérieur en filière sèche (ITE). Par le biais d’une série d’articles, le SNBVI va apporter une analyse détaillée de la réglementation en vigueur, décrypter comment les bardages rapportés sont évalués face aux exigences parasismiques et présenter les dispositions constructives courantes permettant à cette partie d’ouvrage de limiter les désordres en cas de séisme.

L’ÉVALUATION DES BARDAGES RAPPORTÉS AU REGARD DU RISQUE SISMIQUE
Du pragmatisme, du calcul jusqu’…
Un retour à l’origine des exigences parasismiques amène à l’Eurocode 8 (EC8). Les éléments non structuraux (ENS), dont font partie les bardages rapportés, sont considérés comme des éléments ductiles qui doivent respecter le paragraphe 4.3.5 de l’EC8 : « Les éléments non structuraux des bâtiments qui peuvent, en cas de rupture, exposer les personnes à des risques ou affecter la structure principale du bâtiment ou l’exploitation des installations présentant des risques particuliers, doivent être vérifiés – ainsi que leur support – en vue de résister à l’action sismique de calcul. » Cela signifie en d’autres termes que l’objectif in fine est que le parement, même s’il subit des désordres, ne doit pas tomber. Évidemment, comme le suggère l’EC8, il est nécessaire d’apporter une analyse par rapport aux risques potentiels pour son environnement qu’un ENS peut engendrer. L’action sismique consiste en une mise en mouvement des masses et c’est pourquoi le Guide de dimensionnement parasismique des éléments non structuraux du cadre bâti, dit Guide ENS, intègre un domaine de simplification pour lequel l’évaluation sismique du bardage rapporté n’est pas nécessaire au regard des risques encourus (fig. 1).

Fig. 1 : Limites d’obligation de justification sismique des bardages rapportés.
Doc. : SNBVI
Au-delà de ces limites, le Guide ENS reprend la méthodologie EC8 afin de déterminer les actions locales engendrées par un séisme dans le but de justifier les fixations et ancrages. En effet, ces éléments jouent un rôle clé pour atteindre l’objectif de non-chute. C’est pourquoi le Cahier 3725 du CTSB a été développé afin de permettre d’adapter les exigences de l’EC8 et du Guide ENS spécifiquement aux bardages rapportés. De nombreuses configurations de justification par le calcul des fixations autour de l’ossature secondaire (et du parement également) sont données dans le Cahier 3725 (fig. 2).

Fig. 2 : Exemple des efforts dans les fixations des pattes-équerres selon l’assemblage.
Doc. : SNBVI
… à l’essai du système complet
Cependant, un bardage rapporté reste un système complexe. Il n’est pas possible d’en connaître le comportement au séisme sans passer par l’expérimentation. En effet, le respect du critère de non-chute du parement ne peut pas se baser uniquement sur la justification des seules fixations. Les pattes-équerres, le parement, les montants sont autant d’éléments pouvant se dégrader et même rompre. Le Cahier 3725 du CSTB intègre donc un protocole d’essais sismiques (fig. 3).

Fig. 3 : Schéma simplifié des essais sismiques sur les bardages rapportés.
Doc. : SNBVI
Il nécessite le montage de deux maquettes distinctes permettant pour un même parement de tester sa configuration la plus rigide (patte-équerre la plus courte, densité de fixation importante…) et sa configuration « extrême » (patte-équerre longue, densité de fixation la plus faible, masse surfacique de parement la plus importante…). Les maquettes sont soumises à :
- Une mise en parallélogramme sur l’assemblage rigide ;
- Une excitation couvrant l’ensemble des zones sismiques sur l’assemblage « extrême ».
Le principe des essais est de récréer les conditions d’un séisme en simulant les déplacements différentiels entre éléments et en mettant en vibration les masses embarquées. Ainsi, le protocole d’essais permet de tester l’ensemble des zones sismiques françaises par rapport à l’accélération du sol lors d’un séisme. Une analyse détaillée des désordres éventuels (casse de fixation, rupture de patte-équerre, fissuration du parement…) et des chutes d’éléments est opérée tout au long de la durée des essais. Le rapport d’essais sismiques établi par le laboratoire devient ainsi la base permettant de définir le domaine d’application sismique du système de bardage rapporté. En effet, selon le comportement constaté, des prescriptions techniques complémentaires peuvent être décidées. Le système peut également se voir limité selon la zone sismique et/ou la catégorie d’importance de la construction…
Cet article est extrait du numéro 166 du magazine 5Façades disponible sur Calameo