Matériau de structure exceptionnel, l’acier trouve sa place dans toutes les applications d’un bâtiment contemporain, que ce soit en structure, en enveloppe, en couverture ou en brise-soleil… Embouti, percé, plissé, tissé, poli, profilé, coloré, patiné, façonné, mat, brillant, gravé, en bardage, en cassette, à joint creux, à joint invisible, en couverture à joint debout, il se plie à toutes les configurations. Peu de matériaux sont capables de rivaliser en souplesse et polyvalence. Résultat : les concepteurs s’en sont emparés pour des applications de plus en plus originales, en façade comme en couverture.

 

Dossier réalisé par Stéphane Miget

 

 

Jean-Michel Boulestin, responsable de la prescription nord, ArcelorMittal Construction

Photo : Arcelor

« Les architectes sont plus attentifs qu’auparavant aux détails et à la gestion des points singuliers. »

5façades – En tant que prescripteur, à quels types de demandes répondez-vous ?

Jean-Michel Boulestin – Nous intervenons principalement dans trois domaines. En premier lieu, sur des questions d’ordre technique : par exemple, la réglementation incendie et les procédés associés, l’acoustique ou encore les problématiques thermiques. Deuxièmement, on nous interroge sur l’aspect économique. Notre troisième champ d’intervention porte sur l’esthétique et le design des produits. Sur l’ensemble de ces questions, nous accompagnons les architectes dans leurs projets. L’avantage de l’acier est de pouvoir proposer facilement des produits ou des solutions singulières qualitatives, avec un budget relativement raisonnable. C’est ce qui, outre sa recyclabilité, sa durabilité et sa facilité d’entretien, fait la force de ce matériau.

Sur le volet esthétique, quelles sont les demandes des architectes aujourd’hui, et quelles tendances se dégagent pour les bâtiments autres qu’industriels ?

En ce qui concerne les couleurs, même si les plus couramment utilisées restent les blancs et les gris, nous sommes actuellement beaucoup sollicités pour des coloris or ou noirs, qu’il s’agisse de noir métallisé ou irisé. En revanche, nous constatons une baisse des demandes en façades très colorées.

Les couleurs foncées ne sont-elles pas incompatibles avec la notion de confort d’été ?

En dehors des bâtiments industriels, ces systèmes sont toujours mis en œuvre selon le principe de la façade ventilée. Un procédé intéressant par rapport au confort d’été dans la mesure où il crée un flux d’air à l’arrière du parement de façade. La chaleur est ainsi évacuée et se diffuse moins à travers la paroi.

Quelles autres tendances observez-vous ?

En matière de volumétrie, on constate un intérêt pour les façades 3D. Nous avons donc développé une gamme spécifique nommée Origami. Ces systèmes, cassettes ou lames, autorisent la création de volumes et de mouvements en façade. D’autres procédés permettent de travailler sur trois dimensions, en profondeur, avec des produits dotés d’ondes de forme carrée, comme la gamme de parements sur mesure Creneo. Ce qui permet de réaliser des trames aléatoires. Cela fait vraiment partie des tendances du moment. Les solutions à joint debout, façade et couverture, sont également très prisées, notamment dans le logement. Beaucoup de progrès ont été réalisés dans ce domaine, illustrés en particulier par les systèmes à joint debout clipsable en acier Mauka Line et Maukatherm T iQ+ en couverture chaude. De même, les architectes sont plus attentifs qu’auparavant aux détails et à la gestion des points singuliers : ils accordent un soin particulier aux jonctions avec les menuiseries, les angles, etc. La qualité de leur traitement passe parfois avant le produit.

Qu’en est-il de l’acier autopatinable ?

Son utilisation reste confidentielle. Si les architectes sont séduits par ce matériau brut qui se patine au fil des années, les maîtres d’ouvrage ne l’acceptent pas toujours. C’est pourquoi nous avons développé une cassette spécifique, Coque MD Indaten, qui assure une parfaite ventilation de la face arrière du métal, ce qui évite la stagnation des eaux d’infiltration et de condensation et les contacts hétérogènes entre matériaux, préjudiciables à la pérennité de l’ouvrage. Nous pouvons également déterminer la perte d’épaisseur du métal dans le temps en fonction de l’exposition de l’ouvrage, afin de justifier sa tenue mécanique.

Même question avec les produits « imprimables » ?

Il s’agit là aussi d’un produit de niche, mais nous sommes en mesure d’accompagner les architectes dans leurs souhaits.

Fonctionnelle, durable et esthétique

L’acier trouve sa place dans toutes les applications autour d’un bâtiment contemporain. Structure, enveloppe, couverture, brise-soleil… Autant de domaines où il excelle. Et cela sous toutes ses formes – embouti, percé, plissé, tissé, poli, profilé, coloré, patiné, etc., et dans toutes les configurations.

Spontanément, on pense au matériau acier davantage pour une utilisation en structure que pour l’enveloppe. Pourtant, on le trouve souvent mis en œuvre sous ce type d’application, notamment sur les bâtiments industriels historiques. Mais pas seulement, car il offre une grande richesse en matière de systèmes proposés. Par exemple, des solutions plateaux de bardage autorisant une large variété d’applications pour les bâtiments industriels bien sûr, mais aussi tertiaires, ERP, jusqu’à la maison individuelle. Ou encore, les solutions d’habillages de façade, cassettes bardages, vêtures et autres. Dans certains cas, l’acier fait aussi office de support d’enveloppe avec, éventuellement, une isolation intégrée. Ce matériau autorise donc la réalisation d’enveloppes fonctionnelles, esthétiques et durables. Durables parce qu’aujourd’hui – en attestent de nombreux spécialistes –, la corrosion n’est plus un problème, les aciers proposés étant très bien protégés avec la galvanisation et autres traitements complémentaires, de type revêtements organiques. Sauf dégradations, les protections apportent un maximum de durabilité. La galvanisation protège à la fois la surface et les tranches (protection cathodique fer et zinc), tandis que le laquage bicouche autorise une adaptation à tous les environnements.

Jouer avec les matérialités, les textures

L’acier possède une carte maîtresse : ses caractéristiques mécaniques et sa capacité à se transformer et à s’adapter le rendent très attractif car il se plie, au sens propre du terme, à n’importe quelles configurations, y compris aux façades cintrées ou complexes. Métalliers et façadiers possèdent des méthodologies très abouties sur le plan technique, les outils à commande numérique et le découpage au laser étant des aides précieuses.
Concernant son utilisation en façade, plusieurs tendances se dégagent. L’une, très classique, consiste à déployer le matériau de façon décalée pour créer de la variété ou de l’originalité. Par exemple, combiner des couleurs ou des ondes en jouant avec la texture du matériau de façon plus ou moins aléatoire. Autre tendance forte : la combinaison des matériaux entre eux, l’acier se mariant particulièrement bien avec le bois, le verre, le béton ou la brique. L’idée est, dans ce cas, de jouer avec les matérialités, les textures. 

Très au goût du jour également, le recours au métal perforé, déployé, tressé ou tissé avec des effets de mailles. Il s’agit, ici, de créer, via des perforations plus ou moins importantes, des jeux de lumière. Ces solutions techniques sont très utilisées dans la réalisation de façades semi-poreuses – notamment de parkings aériens – qui laissent passer la lumière, l’air, voire la fumée en cas d’incendie. Et depuis la réalisation de la résille en tôle d’inox découpée du ministère de la Culture de la rue Saint-Honoré à Paris par Francis Soler, les résilles avec des formes courbes, galbées ou cintrées, sont très appréciées et s’affichent sur nombre de bâtiments… Enfin, la prise de volumes par des systèmes, lames ou cassettes, en origami est de plus en plus prisée.

Jeux d’ombre et de couleur

L’acier s’invite également, et de plus en plus, en brise-soleil ou en volets coulissants. Il s’affiche même comme matériau en phase avec les problématiques environnementales : durabilité, recyclabilité, légèreté entres autres (voir encadré). Et s’il ne peut guère revendiquer des caractéristiques thermiques, il s’adapte néanmoins, et sans difficulté, aux systèmes d’isolation thermique par l’extérieur (ITE), desquels il est parfois le support.

En outre, se développent une offre de bardages et cassettes ou des systèmes plus sophistiqués associant profil acier clip, capot filant en métal ou acier inoxydable et palet anti-arrachement. Des procédés qui autorisent de multiples combinaisons, des formes différentes de capots et une large palette de couleurs. Ainsi, les différences de profondeurs des capots et les divers coloris permettent d’exploiter la lumière et les effets d’ombre de la façade. En couverture, le matériau présente les mêmes caractéristiques qu’en façade, avec des solutions bac acier support d’étanchéité. Ici, les évolutions portent sur la végétalisation tout à fait envisageable, sur les bacs de grandes dimensions avec des couvertures intégrant des émergences pour apporter de la lumière naturelle à l’intérieur des locaux.

Compatible avec tous les types de bâtiments, la couverture en bac acier est très utilisée sur des ouvrages publics, ERP (gymnases, gares…) ou industriels. Elle s’adapte aussi, et de plus en plus, à l’habitat collectif ou individuel. Le développement de la couverture métallique est également lié aux nouvelles propositions techniques, lesquelles reprennent l’esthétique contemporaine de la pose à joint debout tout en améliorant le rendement sur le chantier. Par sa souplesse, l’acier autorise aussi les retournements de façade en couverture et inversement, notamment avec des procédés rappelant l’esthétique du joint debout.

Vers un acier bas carbone

La filière acier, très carbonée, s’est impliquée, à l’instar de celle du béton, dans la voie de la décarbonation. ArcelorMittal, sidérurgiste très présent sur le marché français et européen, y travaille et il s’est d’ailleurs engagé à ce que ses émissions mondiales nettes soient nulles d’ici à 2050. Il s’est également fixé comme objectif de réduire de 25 % à l’horizon 2030 (35 % en Europe) l’intensité des émissions de CO2eq (émissions directes et émissions indirectes liées aux consommations d’énergie). De nombreuses actions sont en cours : par exemple, les certificats d’acier vert XCarb qui permettent aux clients de déclarer une réduction équivalente de leurs émissions de portée 3, conformément au protocole sur les gaz à effet de serre, ou XCarb recyclé. Produit de manière renouvelable, cet acier physique, fabriqué à partir d’acier recyclé, utilise de l’électricité 100 % renouvelable dans un four à arc électrique et a, par conséquent, une empreinte CO2 faible.

Couronne d’acier inox 

C’est sur un site relativement étroit, une parcelle en X, dans un quartier pavillonnaire assez dense, que s’insère l’extension du gymnase Maurice-Baquet à Vigneux-sur-Seine, dans l’Essonne. Une intégration tout en délicatesse, dans les interstices du tissu urbain », explique l’architecte Frédéric Quevillon, de l’agence d’architecture Aconcept, pour présenter son projet. Lequel comprend trois pôles conçus en fonction de la discipline pratiquée (boxe, dojo, gymnastique/danse/musculation).
Les salles de sport sont reliées entre elles par une travée centrale. Véritable colonne vertébrale du programme, elle dessert l’ensemble des espaces du gymnase.

 

Photos : 11h45
Photos : 11h45
Photos : 11h45

«Patios « zen » et « sportif »  

Dans ce tissu urbain très minéral, l’architecte a créé une respiration : un patio « zen » entre le pôle gymnastique/danse/musculation et le pôle dojo. « Ce dernier fonctionne avec une circulation “chaussures de ville”, côté hall, et une circulation “pieds nus” et tatami, côté salle », détaille-t-il. Marches, gradins de bois et de béton descendant vers un pré minimaliste engazonné et arboré, il offre un lieu extérieur de détente aux usagers. Les façades des salles ouvrent sur cet espace via des baies vitrées de type accordéon. Le mur au nord donnant sur la rue est, quant à lui, totalement fermé « afin de respecter la tradition spatiale des arts martiaux japonais ». À l’autre extrémité du bâtiment, face à la salle de boxe, se trouve le patio « sportif » complémentaire du patio « zen ». Plus dynamique, réparti sur différentes hauteurs, il alterne bandes de végétation et parcours sportif. Comme les deux autres pôles, la salle est équipée de baies en accordéon permettant la connexion avec l’extérieur. Ouverte sur la ville, l’entrée du bâtiment a été particulièrement travaillée : « Le hall et la loge du gardien, éléments annonciateurs de la travée centrale de circulation, avancent jusqu’à devenir visibles depuis la rue », résume Frédéric Quevillon.

Cassettes en acier inoxydable

Mais ce qui caractérise le plus ce programme – sa signature en quelque sorte –, c’est sa couronne d’inox brillant au-dessus de toutes les façades du bâtiment, sur rue et patio, y compris au niveau de l’entrée où elle intègre un auvent en protection contre le soleil ou la pluie.

« Ce bandeau en inox réfléchit la lumière et le contexte alentour. L’idée est d’éviter d’être trop massif et de renvoyer, tel un trompe-l’œil, le paysage urbain et le ciel, de donner l’impression que le bâtiment se fond dans l’environnement. » Sur le plan technique, l’architecte a particulièrement soigné les détails et retenu un système de cassettes prélaquées en acier inoxydable, Coque MD d’ArcelorMittal. Un procédé à joint ouvert destiné à la réalisation de façades planes. Lesdites cassettes sont mises en œuvre à l’aide d’encoches situées dans ses plis verticaux, sur des rails porteurs munis d’étriers réglables.

À noter : la façade derrière le parking, elle-même habillée en partie haute des bardages inox, est densément plantée. « Vivante et facile d’entretien grâce à un système d’arrosage intégré, elle se distingue des murs béton, tout en isolant des regards depuis la rue. »

Façade façon origami

Lieu de vie, ruche culturelle avec des activités axées sur le numérique et les arts visuels, L’Ampli est, depuis 2020, le pôle jeunesse de la ville de Fontenay-le-Fleury, dans les Yvelines.
Ce projet de l’agence d’architecture Architectureo, en collaboration avec Hamadryade Architecture, a consisté en la réhabilitation et la transformation complète d’une ancienne école et en la création d’une extension intégrant notamment la salle de spectacle. Quand l’école a été entièrement habillée de terre cuite noire (Terca moulée main de Wienerberger), l’extension arbore, elle, une enveloppe en métal ajouré.

 

Photos : Sergio Grazia

Outre les perforations, la façade se singularise par sa volumétrie en pliage. Réalisée à l’aide des panneaux ST Origami d’ArcelorMittal, elle traduit la vocation du bâtiment par ces plis spécifiques, lesquels reprennent le design des amplificateurs Vox utilisés par de célèbres groupes de rock – les Beatles, Queen, U2, pour ne citer qu’eux. Afin d’accentuer la géométrie des lames d’acier perforé – perforation à 32 % pour créer une transparence sans perdre la perception de la matière –, les architectes ont retenu une coloration champagne doré brillant. Cette teinte met en valeur le pliage, d’autant que l’esthétique des façades évolue en fonction de la courbe du soleil et de la météo…

Photos : Sergio Grazia
Photos : Sergio Grazia

  • Maître d’ouvrage : Ville de Fontenay-le-Fleury
  • Maître d’œuvre : Architectureo, en collaboration avec Hamadryade Architecture

 

Cet article est extrait de 5façade n°158 > Découvrir le numéro en intégralité <