Le nouveau groupe scolaire d’Heudebouville (27) affiche sa contemporanéité via sa belle peau d’ardoise et de bois. Constitué de cinq maisonnées, le programme s’intègre parfaitement dans un environnement campagnard. Modernité également sur le plan constructif avec une structure d’une grande modularité, qui plus est bas carbone.

Directement reliée au centre-bourg, l’école est construite sur un site remarquable caractéristique du bocage normand. Les bâtiments et aménagements extérieurs respectent en tout point cet élément du contexte. Photo : Sergio Grazia

« Nous revendiquons une attitude plutôt qu’un style. Notre principale caractéristique tient dans le rapport au site, aux bâtiments existants, pour définir un vide qui va subsister jusqu’à la fin du projet et qui repose beaucoup sur la fragmentation des masses bâties. » Ce principe, qui définit leur travail, les architectes Charles Hesters et Pierre Martin-Saint-Étienne l’ont appliqué pour la construction du nouveau groupe scolaire de la commune rurale d’Heudebouville, dans l’Eure, une première œuvre pour leur agence Hemaa Architectes. Associés à l’agence Hesters-Oyon, qui les a épaulés pour la phase concours, ils proposent ici une réinterprétation de l’architecture vernaculaire des maisons et fermes voisines. Cela se concrétise par la création de cinq longères contemporaines, toutes habillées d’ardoise et de bois et reliées entre elles par des circulations intérieures. Chacune a une fonction dédiée : restaurant scolaire, salles de classe, préau, administration, salles de repos pour la maternelle… Plus ou moins longues et larges, mais toujours déclinées sur le même modèle, les longères – les « maisonnées » comme les nomment les architectes – sont organisées en strates. Une configuration qui facilite leur intégration à la parcelle légèrement en pente et autorise des extensions futures dans le prolongement de chaque bâti, tout en respectant le schéma d’origine. Tout a été prévu par les architectes, y compris les aspects très techniques : « Les réseaux et systèmes de sécurité incendie intègrent déjà cette possible croissance. »

À l’arrière, les longères s’ouvrent sur la cour, un terrain de sport, un potager, des vergers et des noues qui récupèrent les eaux de pluie pour alimenter un bassin paysager en contrebas. Photo : Sergio Grazia

Qualité environnementale

En accord avec le maître d’ouvrage, ils ont souhaité un programme au plus faible impact environnemental possible. Ce qui a entraîné des choix conceptuels et techniques d’une grande simplicité et d’une grande efficacité : « L’usage du bois et de l’ardoise, l’intégration de panneaux photovoltaïques, la mise en place d’une PAC – donc l’absence d’énergie fossile pour le chauffage de l’équipement – nous ont permis d’atteindre des niveaux très ambitieux. » Ainsi le projet Bepos a atteint le niveau E3C2 de l’expérimentation E+C-. Soit une très bonne performance en matière d’énergie (E3) et de carbone avec C2, un niveau rarement atteint pour les bâtiments qui ont participé à cette expérimentation. Sur le plan technique, tout repose sur un système structurel en portique avec des toitures à deux pans, dont certains cassés. Une option qui supprime les porteurs intermédiaires, facilite les aménagements intérieurs et les évolutions futures par une modularité totale des locaux. Ces portiques en lamellé-collé – Douglas et épicéa issus de la forêt française – ont été conçus et réalisés en atelier par l’entreprise de charpente normande AGC Construction bois. Tout comme les épines, les caissons de toiture et les parois, qui intègrent isolant, pare-pluie, pare-vapeur et lattage, sont également assemblés hors site. « Cette approche – des pièces (5 x 2 m) développées en 3D avec le charpentier – a permis de maîtriser les délais de chantier », soulignent les architectes. Ainsi, l’entreprise a pu séquencer son chantier, maisonnée par maisonnée. Les couvertures sont habillées d’ardoises naturelles qui parfois descendent en façade. Lorsqu’elles ne sont pas bardées d’ardoises, mitoyennes ou équipées de larges baies vitrées, les façades sont revêtues d’un bardage en Douglas posé à l’horizontale (tasseaux 40 x 40 mm) ou de panneaux trois plis, également en Douglas. Les pignons, de part et d’autre, sont largement vitrés (façade-rideau) et protégés du soleil par de larges épines, toujours en Douglas. D’autres dispositifs ont été mis en œuvre pour la protection solaire, comme des auvents et brise-soleil en lames de bois.

Stéphane Miget

Baies vitrées et façades-rideaux apportent un maximum de lumière naturelle à l’intérieur des locaux. Photo : Sergio Grazia
Bois et ardoise naturelle se partagent l’habillage de l’enveloppe des cinq maisonnées. Photo : Sergio Grazia
Comme à l’extérieur, le bois est omniprésent à l’intérieur. Photo : Sergio Grazia
 « La géométrie du site dicte l’implantation de l’ouvrage, les maisonnées insérées selon les courbes de niveau du terrain respectent le sol naturel. » Doc. : Hemaa

  • Maître d’ouvrage : Commune d’Heudebouville (27)
  • Assistance maître d’ouvrage : Ciclop
  • Maître d’œuvre : Hemaa Architectes associé à Hesters-Oyon
  • Bureau d’études : Betem
  • Entreprise : AGC Construction bois

 

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